Ils ne reculent devant rien
Seniors arnaqués: les techniques redoutables des escrocs pour les dépouiller

Les arnaques en ligne et en personne, ciblant les aînés, se multiplient en Suisse. Les scénarios sont toujours plus sophistiqués. La police appelle à la vigilance et à ne jamais confier d'argent ou d'informations confidentielles à des inconnus.
Publié: 27.08.2024 à 17:03 heures
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Dernière mise à jour: 27.08.2024 à 17:50 heures
Les arnaques jouent sur le sentiment de solitude ou sur le stress des seniors.
Photo: Shutterstock
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

L'imagination des arnaqueurs a visiblement aussi peu de limite que leur sens de l'empathie. Ciblant particulièrement les aînés, ils multiplient les scénarios pour dépouiller leurs victimes.

Les cas d'arnaques en ligne se multiplient, profitant de la naïveté de seniors peu à l'aise avec la technologie. Rien que durant la semaine du 19 au 25 août, l'Office fédéral de la cybersécurité (OFCS) recense 801 cyberincidents en Suisse. Tous peuvent être dénoncés sur le site du Centre national de cybersécurité.

Toutefois, les escroqueries «en personne» existent encore. En mai dernier, une opération policière franco-suisse a démantelé un réseau de faux banquiers qui a trompé près de 400 personnes. 

Les polices cantonales préviennent, les médias relaient, les petits-enfants aident leurs grands-parents... Mais les créations toujours plus réalistes des voleurs font encore et toujours des victimes malheureuses. Top 5 des arnaques les plus tristement efficaces du moment auprès des seniors.

1

Le phishing

Les cas de phishing ont augmenté de 70% en Suisse entre 2022 et 2023. Et ils sont moins élucidés. Cette pratique, francisée en hameçonnage, rassemble souvent les mêmes marqueurs: une marque ou un service connu qui vous écrit, une adresse e-mail qui ne correspond pas à l'expéditeur, un sentiment d'urgence à la suite d'une «erreur» ou une offre trop belle pour être vraie.

En ce moment, de faux courriels de Swisscom circulent. Sophistiqués, ils reproduisent presque à la perfection le logo de l'opérateur téléphonique. Le texte indique qu'un formulaire sécurisé est disponible pour que le client se fasse rembourser un montant soi-disant payé en trop.

Les entreprises sont généralement au courant de ces leurres et mettent en garde leurs clients. Si l'on vous demande des coordonnées bancaires par e-mail, il s'agit probablement de phishing. Vous pouvez également vérifier l'adresse de l'expéditeur: les combinaisons de chiffres et de lettres et les terminaisons douteuses (par exemple, «.fr» pour un courriel de Swisscom) mettent sur la piste.

La meilleure chose à faire est de supprimer le mail. En cas de doute, n'ouvrez aucune pièce jointe et ne cliquez sur aucun lien — appelez l'expéditeur supposé en composant vous-même le numéro, s'il s'agit d'une entreprise dont vous utilisez les services, et demandez à en savoir plus.

Enfin, vous pouvez dénoncer le courriel reçu sur le site de l'OFCS. Toutes les entreprises et leurs images peuvent être utilisées par les hameçonneurs: Twint, la plateforme Booking, un palace de Schwytz...

2

Le faux support technique

Cette cyber-escroquerie consiste à prendre le contrôle d’un ordinateur en prétendant agir pour le compte d’un centre d’assistance informatique. L’objectif est de s’emparer des données de la personne lésée pour ensuite accéder à ses comptes bancaires.

La pratique a augmenté de 25% entre 2022 et 2023. Elle mise sur la méconnaissance de l'informatique des aînés. Persuadés d'avoir fait «une erreur», ils tombent dans le panneau lorsqu'un faux technicien de Microsoft, par exemple, leur offre leur aide, pour finalement les dérober.

3

Le Romance Scam

Cette infraction est particulièrement triste, puisqu'elle joue sur les sentiments et la solitude des plus âgées — elle touche en effet particulièrement les femmes. L'arnaque à l'amour consiste à dialoguer avec une victime, généralement une femme d'âge mûr seule, pour nouer un lien.

Ce lien se transforme en déclarations d'amour, en photos envoyées, en promesses de rencontres... Et, bien évidemment, en soucis financiers de l'amant virtuel.

Le coprésident du Parti socialiste suisse, Cédric Wermuth, en a fait les frais ce mois d'août. Il a découvert que des escrocs utilisaient son identité pour séduire et pomper l'argent de femmes esseulées. Son banquier l'a contacté, lui annonçant qu'une cliente de la succursale souhaitait lui verser 100'000 francs. Le politicien a porté plainte pour usurpation d'identité. Une bonne nouvelle toutefois: cette infraction est en baisse de 5%. 

4

La Fake Sextorsion

Le pendant masculin du Romance Scam est, sans surprise, plus cochon. Rien qu'entre le 19 et le 25 août 2024, 57 cas ont été recensés en Suisse. Le titre signifie «fausse extorsion sexuelle», et c'est de ça qu'il s'agit.

Dans un courriel, les auteurs affirment avoir recueilli des photos ou des vidéos montrant le destinataire se masturbant lors d'une visite sur des sites web pornographiques. Les maîtres chanteurs menacent de publier l'instant capturé en vidéo si une rançon demandée n'est pas payée après un certain délai.

Or, la vidéo n'existe pas. Mais la menace suffit à faire paniquer, la plupart d'entre nous ayant déjà visité un site pornographique. Dans le monde, ce coup de bluff rapporterait jusqu'à 22 millions de dollars par année. Rien qu'en Suisse, l'arnaque représenterait des centaines de milliers de francs de bénéfices.

La police rappelle qu'il ne faut pas payer, ni demander plus d'information. La seule chose à faire est de porter plainte.

5

L'arnaque à la fausse qualité - Le faux banquier

C'est la seule de ce classement qui ne nécessite pas d'ordinateur. «Les personnes se présentent physiquement auprès de leur victime, développe Aline Dard, chargée de communication en prévention de la police genevoise. Selon le mode opératoire, les escrocs se présentent directement en sonnant à la porte du logement ou alors, cela fait suite à un appel téléphonique.»

Ces escroqueries au téléphone demeurent une problématique importante, notamment lorsque les malandrins utilisent un numéro de téléphone «spoofé», ajoute la porte-parole. Soit, un numéro qui imite celui d'une autre entité, comme une banque ou les forces de l'ordre.

En effet, les «faux banquiers» et les «faux policiers» sont des classiques du genre. Le faux banquier annonce au téléphone une anomalie avec le compte de sa victime. Puis, il se rend au domicile pour récupérer la carte et son code et retirer des montants parfois conséquents.

La police genevoise met en garde: l'arnaqueuse ou l'arnaqueur fera tout pour garder sa victime au bout du fil, quitte à la menacer. Et les relevés bancaires indiquent toutes anomalies avec le compte ou les paiements: une banque ne proposera jamais de passer à la maison pour récupérer une carte soi-disant compromise.

Le mieux à faire est de raccrocher, puis d'appeler sa banque en composant soi-même le numéro si le doute subsiste. Si des informations confidentielles ont été transmises durant l'appel, il faut immédiatement bloquer ses comptes, et déposer une plainte à la police. 

5bis. L'arnaque à la fausse qualité - Le faux policier

Cette méthode a coûté 85'000 francs à une habitante du Locle (NE) âgée de 87 ans. Elle est sensiblement la même que la précédente, mais basée sur le choc.

Le but des voleurs est d'annoncer aux seniors une nouvelle qui va les plonger dans un stress intense. L'objectif? Les duper plus facilement en jouant avec l'urgence d'une situation.

Généralement, l'escroc annonce qu'un membre de leur famille est impliqué dans un accident, et qu'une grosse somme est nécessaire pour l'hospitaliser, ou le faire sortir de prison. Les victimes sont invitées à donner tout ce qui peut aider, argent, bijoux, à des mules. Ces dernières se rendent directement au domicile pour récupérer l'argent. Elles peuvent se faire passer pour des agents en civil.

Une variante encore plus perverse consiste à rebondir sur une première tentative d'arnaque ratée. Par exemple, l'arnaque au faux neveu, qui fonctionne de la même manière — un membre de la famille appelle, en détresse, et a besoin d'argent. Face à un refus, l'escroc change de tactique et rappelle la victime, cette fois comme membre des forces de l'ordre. Il incite la personne à accepter la demande du «faux neveux» pour le prendre en flagrant délit.

La vraie police invite à ne pas céder à la notion d'urgence, et à ne jamais confier d'argent à un inconnu. Il ne faut pas non plus hésiter à contacter le poste le plus proche ou le 117.


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