Cela peut faire penser à une série de science-fiction, mais en Ukraine, c'est déjà une réalité. Kiev est en train de construire une énorme force aérienne composée de machines qui fonctionnent grâce à l'intelligence artificielle (IA). A partir de 2025, elles devraient être utilisées à grande échelle dans la guerre de défense contre la Russie. Un véritable «Game of Drones».
L'offensive des drones est rendue possible par l'entreprise américano-suisse Auterion. Fondée en 2017 en tant que start-up de l'EPFZ, l'entreprise a transféré au printemps son siège social de Zurich à Arlington, dans l'État de Virginie, à proximité du Pentagone.
«Une obligation morale»
Au cours des prochains mois, Auterion entend livrer à Kiev des dizaines de milliers de mini-ordinateurs pour les drones Kamikaze. Ces systèmes, appelés Skynode S, sont un peu plus petits qu'un poing et révolutionnent le marché des drones militaires. Contrôlés par IA, ils transforment des appareils volants ordinaires en armes de précision. Le soldat choisit la cible, le drone la détruit. Et ce, même si les troupes russes perturbent les signaux de commande.
Auterion ne souhaite pas prendre position sur certaines livraisons. Son CEO Lorenz Meier, ancien étudiant de l'EPFZ, déclare à Blick: «Nous livrons notre technologie aux démocraties libérales pour qu'elles puissent défendre leur liberté.» Le logiciel Auterion a déjà été utilisé de manière isolée sur plusieurs drones ukrainiens. Il est désormais prévu de produire en masse ces machines tueuses intelligentes. «Skynode S est peu coûteux, extrêmement compact et sera produit à des dizaines de milliers d'exemplaires», a promis Lorenz Meier.
Selon des informations internes, Auterion devrait fournir les mini-ordinateurs à l'Ukraine à un prix réduit. Le fait que le CEO qualifie le soutien à l'Ukraine d'«obligation morale» va dans ce sens.
L'Allemagne livre 4000 drones
La collaboration entre Auterion et Kiev s'inscrit dans le cadre des efforts de l'Ukraine visant à prendre l'avantage sur le champ de bataille grâce à des drones pilotés par IA. La semaine dernière, le ministre de la Défense Boris Pistorius a annoncé que l'Allemagne allait fournir à l'Ukraine 4000 drones d'attaque auto-pilotés. Les médias ont qualifié ces appareils d'un nouveau genre de «mini Taurus», en référence au missile de croisière Taurus, dont la livraison est catégoriquement exclue par le chancelier allemand Olaf Scholz.
Le fait qu'une entreprise fondée en Suisse veuille également livrer des composants pour des drones de combat ukrainiens soulève des questions importantes sur les autorisations militaires du pays. Actuellement, les entreprises suisses n'ont pas le droit de livrer à l'Ukraine ou à la Russie des biens qui pourraient être utilisés à des fins militaires. Mais comme le siège d'Auterion se trouve désormais aux Etats-Unis, les contrôles à l'exportation n'ont plus lieu d'être.
Kiev n'est pas la seule à miser de plus en plus sur les drones de combat, Moscou le fait également. Et, comme l'ont récemment montré plusieurs enquêtes de Blick, les drones de Poutine volent également avec la technologie suisse.