Pour les employés de l'entreprise Schwendimann AG, l'année commence bien. L'entreprise bernoise de gestion des déchets a en effet décidé de faire passer la semaine de travail de 42 à 38 heures avec... le même salaire! Désormais, les presque 100 collaborateurs de l'entreprise travaillent donc environ une heure de moins chaque jour sans aucune perte financière.
Si cette annonce à de quoi surprendre, les collaborateurs de l'entreprise, eux, y étaient préparés: «Nous avons donné aux équipes d'élaborer elles-mêmes des plans de réduction du temps de travail», explique le directeur, Demian Schwendimann.
Dans la branche «Entretien des bâtiments», un essai de trois mois de réduction du temps de travail avait déjà rencontré un certain succès. L'entreprise teste à présent la semaine de 38 heures dans toute l'entreprise: «Nous saurons dans six mois si cela fonctionne ou non», déclare Demian Schwendimann.
Sur le marché du travail
«L'équipe se montre beaucoup plus efficace»
D'un point de vue purement opérationnel, une réduction du temps de travail – sans qu'elle génère de stress supplémentaire aux collaborateurs – ne pose aucun problème. Demian Schwendimann s'attend même à une augmentation de la productivité grâce à une meilleure qualité de vie pour les collaborateurs: «Grâce à la réduction du temps de travail, l'équipe apporte beaucoup plus d'idées et se montre beaucoup plus efficace.» En outre, il est essentiel que le travail se fasse désormais de manière transversale.
Bien sûr, tout n'est pas encore réglé sur le plan administratif et il faut encore modifier les modifications de contrat avec les nouveaux temps de travail. Et pour que le concept fonctionne vraiment, il faut encore l'étendre à toutes les branches de l'entreprise. La société Schwendimann AG propose en effet, en plus du ramassage et de l'élimination des ordures, un service de déblaiement et l'organisation d'événements.
«J'espère qu'il y aura moins d'absences pour cause de maladie ou de blessure grâce à une meilleure conciliation de la vie professionnelle et de la vie privée», confie Demian Schwendimann. Et de conclure, avec confiance: «Si les choses restent les mêmes qu'avant, ça marchera.»
Financièrement et juridiquement, c'est tout à fait faisable
Il ne s'agit toutefois pas d'une réduction systématique: «Jusqu'à présent, l'équipe de ramassage travaillait déjà en dessous du temps de travail hebdomadaire demandé et pouvait rentrer chez elle une fois le travail terminé», explique Demian Schwendimann. Et dans ce cas, les collaborateurs demandent s'il y a encore du travail à faire dans d'autres domaines comme l'atelier, la déchetterie ou les affaires courantes: «Le travail intersectoriel nous permet d'avoir des collaborateurs d'autres secteurs qui peuvent effectuer d'autres travaux de manière plus flexible» confie Demian Schwendimann.
Ce dernier souligne que, malgré certaines exigences propres liées aux tâches respectives des équipes, tous ses collaborateurs doivent bénéficier des mêmes avantages. Une semaine de quatre jours n'est toutefois pas à l'ordre du jour: «Ce n'est pas encore réalisable.» Aucun financier ne sera nécessaire pour mettre en œuvre une réduction du temps de travail: «Nous nous en tenons aux augmentations de prix proposées dans l'indice Astag», conclut Demian Schwendimann.
Sur le plan juridique, l'opération ne pose pas non plus de problème. Selon la loi sur le travail, la durée maximale de travail hebdomadaire est de 45 heures par semaine pour les travailleurs des entreprises industrielles, le personnel de bureau, les employés techniques, le personnel de vente des géants de la grande distribution. Toute réduction du temps de travail inférieure à 45h est donc du ressort de l'employeur.
TravailSuisse veut généraliser la méthode
Selon l'Office fédéral de la statistique, la durée moyenne de travail hebdomadaire en Suisse pour les employés à temps plein était de 41,7 heures en 2022. Dans les faits, on observe une durée moyenne de 42 heures de travail hebdomadaire dans la plupart des entreprises.
Un chiffre que l'association de travailleurs TravailSuisse souhaiterait réduire. «Certains employeurs permettent des réductions du temps de travail pour être plus attractifs dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre qualifiée», confirme Adrian Wüthrich, chef de Travailsuisse. Mais du côté des employeurs, une certaine frilosité se fait encore sentir. Une frilosité qu'Adrian Wüthrich balaie d'un revers de main en citant l'exemple réussi de Schwendimann AG.
De son côté, le porte-parole de l'Union patronale suisse, Stefan Heini, rétorque que chaque entreprise peut mettre en œuvre des réductions du temps de travail. Mais il prévient: «Une durée d'activité professionnelle imposée par la loi de quatre jours par semaine avec 35 ou 36 heures de travail et une compensation salariale intégrale pour tous équivaudrait à une augmentation massive des salaires pour les employés.» Selon lui, cette hausse des coûts salariaux mettrait mécaniquement de nombreuses entreprises sous pression et aggraverait encore la grave pénurie de main-d'œuvre.
Mais de plus en plus entreprises s'opposent à ce schéma. Schwendimann AG n'est en effet plus la seule à ouvrir voie d'une réduction du temps de travail. Depuis début 2023, la semaine de 39 heures est par exemple en vigueur chez le magasin de bricolage Hornbach en Suisse. De son côté, le prestataire de services Siloah Prissag AG à Berne a augmenté le droit annuel aux vacances de cinq jours de plus, selon la catégorie d'âge.