Sous les slogans «Stop aux tirs de loups au Marchairuz» ou «Cohabitation avec le loup», la démarche se veut citoyenne, a dit à Keystone-ATS Alain Prêtre, organisateur, journaliste retraité et photographe animalier. «En tant que citoyen, nous devons réagir. Il s’agit de tirs politiques pour calmer les éleveurs. Le fusil ne doit pas être l’unique solution», affirme le Chaux-de-Fonnier, ardent défenseur de la faune sauvage.
Dénonçant l’abattage prévu de deux jeunes loups par le canton, M. Prêtre ne mâche pas ses mots: Vaud fait preuve «d’extrémisme et d’amateurisme» dans «sa gestion du risque loup» pour le cheptel de rente et la conseillère d’Etat en charge de l’environnement, Béatrice Métraux, a «déclaré la guerre au loup».
Il regrette l’absence d’une «solution plus douce», «protectrice plutôt que réactive et expéditive». La ministre écologiste a d’ailleurs été huée par les manifestants lors des discours.
«L’abattage de deux loups est absurde et contreproductif. Non seulement il ne résout rien, mais amplifie le risque de prédation sur les troupeaux. Cela entraînera indiscutablement un éclatement et une dispersion de la meute», explique M. Prêtre.
«La chasse d’un cerf ou d’un sanglier, les proies de prédilection du loup, exige une attaque collective. Un loup isolé est dans l’incapacité de tuer un grand herbivore comme le cerf. Cela signifie que les attaques sur les veaux, proies beaucoup plus modestes, se multiplieront dès lors que la meute se disloquera», poursuit-il.
Le naturaliste déplore aussi l’attitude de certaines ONG, comme Pro Natura et le WWF. «Elles prennent acte de la décision légale de l’Office fédéral de l’environnement (d’autoriser les tirs de régulation, ndlr). Elles ne sont pas très mobilisées ni très intéressées», dit-il.
Il y a trois semaines, c’étaient les éleveurs et bergers du Jura vaudois, inquiets pour leurs troupeaux, qui s’étaient rassemblés à Mollens, au pied du Mont-Tendre. Ils avaient allumé un «feu d’alerte et de solidarité» avec les agriculteurs touchés par des attaques. Environ 250 personnes étaient présentes.
Les attaques de loups sur des bovins se sont multipliées ces derniers mois dans le Jura vaudois. Depuis le début de la saison d’estivage par exemple, onze bovins et quatre chèvres ont été attaqués. Une douzaine de loups seraient présents dans la région.
Début août, les autorités vaudoises ont sollicité le tir de régulation de deux louveteaux de la meute du Marchairuz, une première pour le canton. L’autorisation de tir de l’OFEV, sans succès jusqu’ici, court jusqu’au 31 mars prochain.
Fin septembre, le canton a annoncé la présence d’une deuxième meute de loups, identifiée dans le massif du Risoud, à la Vallée de Joux. Aucune attaque sur des troupeaux n’a été annoncée dans ce secteur. Les deux meutes vaudoises sont actuellement les seules présentes sur l’ensemble de l’Arc jurassien franco-suisse.
En mars dernier, le Département de l’environnement et de la sécurité (DES) avait décidé de renforcer le dispositif d’accompagnement et de soutien aux éleveurs. Analyse de la vulnérabilité des alpages du Jura vaudois, renforcement du conseil aux agriculteurs ou encore engagement d’aides-bergers sont venus s’ajouter à d’autres démarches déjà engagées, comme un service d’alerte informatique. L’utilisation de chiens de garde et de clôtures est aussi étudiée.
(ATS)