Ils appelaient à la violence contre les femmes
Les fans de football de Schaffhouse acquittés

Six jeunes fans du FC Schaffhouse comparaissaient aujourd'hui pour une banderole polémique brandie lors d'un derby à Winterthour. Ils y appelaient à «baiser et frapper» les femmes de la ville adverse.
Publié: 31.08.2021 à 22:41 heures
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Dernière mise à jour: 01.09.2021 à 06:12 heures
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Mardi, six supporters de football se sont présentés devant le tribunal de district de Winterthur ZH.
Photo: Philippe Rossier
Michael Sahli, Jocelyn Daloz (adaptation)

En entrant dans le palais de justice, les accusés ont caché leurs visages derrière des dossiers et des masques. Tous auraient souhaité ne jamais avoir écrit le slogan primitif qui les a conduit devant un juge. Ils sont six fans du FC Schaffouse à comparaître devant le tribunal de district de Winterthour (ZH), accusés d'avoir brandi une banderole violente envers les femmes lors du derby sur la Schützenwiese de Winterthour en mai 2019. Le texte lisait: «Winti Fraue figgä und verhaue» (en français: baisons et tabassons les femmes de Winterthour)

Ces hommes, dont certains ont déjà des condamnations à leur actif et qui sont tous âgés d'une vingtaine d'années, se sont ainsi attiré les foudres des plus hautes autorités. La ministre zurichoise de la Justice, Jacqueline Fehr, s'est indignée sur Twitter après l'incident: «C'est un appel clair à la violence contre les femmes. Des excuses ne suffisent pas!»

Un slogan primitif est-il un appel à la violence?

C'était également l'avis du procureur général qui a lancé une enquête pour incitation publique au crime ou à la violence. Les peines réclamées par le procureur vont jusqu'à une forte amende sans sursis de 12 000 francs suisses.

Les déclarations des accusés devant le juge se ressemblent. Tous sauf un ont comparu sans avocat. «Bien sûr, vous ne pouvez pas dire des choses comme ça», a déclaré l'un des accusés, un futur étudiant qui vit avec ses parents. «J'étais fortement intoxiqué.»

Il a affirmé ne pas savoir qui avait écrit l'affiche. Ses camarades ont également tous déclaré qu'ils n'avaient chacun que brièvement tenu un coin de la bannière et qu'ils ne savaient rien d'autre sur la façon dont elle avait été créée. «Je n'ai pas du tout vu ce qu'elle disait, j'étais assez ivre», a déclaré l'un d'eux.

Un autre accusé, un ouvrier, a fait valoir que les médias avaient dû mal comprendre le texte : «Tout le monde ici est contre la violence.» Ou encore: «Quiconque interprète cela comme un appel à la violence est encore plus stupide que la personne qui a eu l'idée de la bannière.»

Acquittement de tous les cas

Le seul avocat de la défense présent a plaidé dans le même sens: «Aucune des personnes présentes n'aurait jamais eu l'idée absurde d'appeler sincèrement à la violence contre les femmes de Winterthour. Le slogan était de bas niveau, mais il n'est pas pertinent d'un point de vue criminel.»

S'il ne s'était pas agi de femmes, mais d'un autre groupe, personne ne se serait intéressé à l'affaire, a déclaré l'avocat.

Le tribunal a suivi cette argumentation et a acquitté les six accusés sur le chef d'accusation principal. Seul un des fans de football a été condamné pour du cannabis trouvé sur lui.

Le juge a expliqué que la phrase était moralement intolérable, mais que dans ce contexte, il s'agissait d'une provocation envers les supporters adverses. «Personne n'aurait pensé à réellement user de violence contre les femmes.»

*Noms connus de la rédaction

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