On sent au téléphone à quel point le jeune homme est bouleversé après les incidents avec les supporters de Saint-Gall au Kybunpark. Pour Timothy Fayulu, ce fut la pire nuit de sa vie. «Je n'ai pas dormi une seconde. Ce n'est juste pas possible quand tu es rempli de haine.» Il était quatre heures du matin lorsque le bus de l'équipe du FC Sion était de retour en Valais. À midi, Timothy Fayulu répond à son téléphone.
Timothy Fayulu, comment allez-vous après ces incidents?
Pas bien. Je suis assommé, j'ai l'impression que quelqu'un m'a tiré dessus.
Vous avez pleuré.
Oui. Vous savez que ces choses existent, grâce aux réseaux sociaux. Mais quand cela vous touche personnellement, c'est complètement différent. Et honnêtement, cela génère de la haine! Et c'est un sentiment que je ne connais pas en temps normal.
Dites-nous exactement ce qui s'est passé.
Le match terminé, je suis allé dans le but pour prendre mon écharpe et j'ai un peu taquiné les supporters de Saint-Gall en faisant semblant avec mes mains de ne pas les entendre.
Et ensuite?
Ça a éclaté. J'entendais crier «Fayulu de merde» mais aussi «P*tain de singe» (en anglais: F*cking monkey). C'était clair comme de l'eau de roche, sans équivoque.
Qu'avez-vous pensé à ce moment-là?
Au début, je me suis dit: je vais laisser passer cela et aller au vestiaire. Puis Nicolas Lüchinger s'est approché de moi.
… lui ne savait encore rien des insultes racistes.
Non. Il m'a dit: «Arrête de chercher nos fans! Va dans le vestiaire maintenant.» À ce moment-là, j'ai eu l'impression qu'il était d'accord avec ceux qui m'avaient traité de «singe». Un monde s'est effondré pour moi.
Puis Serey Die est arrivé.
Exactement. Il ne savait rien non plus. Je lui ai expliqué. Et puis ça a vraiment commencé.
Vous avez également parlé à Zigi, le gardien de but saint-gallois.
Oui. Je lui ai dit de parler à ses fans, que ce n'était pas possible. Mais il m'a répondu: «Pourquoi ne pas aller dans le vestiaire et laisser tout cela se calmer?» Mais je ne voulais en aucun cas rentrer aux vestiaires. J'aurais eu l'impression d'être d'accord avec eux, de céder et de minimiser la situation. Je suis donc allé voir l'arbitre, tout excité et gesticulant. Et j'ai reçu un carton jaune pour ça.
Que doit-il se passer maintenant?
La ligue* doit enquêter sur l'incident. Et ensuite prononcer des sanctions.
Comment?
Je ne sais pas. Mais il est important que tous les clubs s'unissent et prennent des mesures décisives contre le racisme. Samedi soir, j'étais la victime. Demain, ce sera quelqu'un d'autre. Nous devons arriver le plus rapidement possible à un point où une telle chose ne se reproduira plus jamais.
(*La Swiss Football League a ouvert une enquête)