La joie de Guillaume Hoarau — buteur et sauveur du FC Sion à la 93e minute à Saint-Gall (1-1) — a tranché avec les larmes de son gardien Timothy Fayulu. Le portier de 22 ans a provoqué le kop saint-gallois en l'applaudissant de manière ironique dès le coup de sifflet final. Un geste qui a lancé des échauffourées entre les deux équipes sur le terrain. Barthélémy Constantin s’est notamment fritté avec l’entraîneur saint-gallois Peter Zeidler puis son assistant, avant que Gelson Fernandes n’intervienne pour le diriger vers le couloir.
Qu’est-ce qui a poussé Timothy Fayulu à une telle réaction? Le club a refusé que le gardien, visiblement très touché, s'exprime devant les médias. Son coéquipier Serey Die a rapidement apporté un élément de réponse lorsqu’il a interrompu l’interview du capitaine de Saint-Gall Nicolas Lüchinger à la SRF. «Des insultes racistes sont venues des fans de Saint-Gall derrière le gardien, maintenant il est en pleurs. Ils ont fait des bruits de singe.»
«Le racisme n’existe pas à Saint-Gall»
Des débordements inadmissibles qui ont été confirmés quelques minutes plus tard par l’entraîneur valaisan Marco Walker en conférence de presse. «Je n’ai pas directement entendu ces cris mais ce sont des choses qui ne doivent pas exister. Je n’ai pas encore pu parler à Timothy. C’est regrettable. Malheureusement dans le football, les supporters ont trop souvent tendance à franchir la ligne rouge.»
À ses côtés, son homologue Peter Zeidler — ancien technicien du FC Sion lors de la saison 2016/2017 — a préféré botter en touche. «Moi non plus, je n’ai rien entendu depuis le terrain, a esquivé l’Allemand qui s'est ensuite lancé dans une explication vaseuse. D’après mon expérience personnelle, le racisme n’existe pas à Saint-Gall. Le club et son président ont fait beaucoup de campagne de prévention. Je ne vais pas commenter cela, ce ne sont que des hypothèses.»
En juin 2020 déjà, le Kybunpark avait été le théâtre d'actes racistes. Aiyegun Tosin avait été visé par des insultes abjectes lors de la victoire 4-0 du FC Zurich alors que la jauge de supporters était limitée à 1000 personnes. L'attaquant nigérian avait posé un genou à terre pour protester. À l'époque, le FC Saint-Gall avait «fermement condamné» la scène. Son président Matthias Hüppi avait affirmé que le club comptait déposer une plainte pénale auprès de la police locale.
Un pénalty oublié
Visiblement, cela n'a pas suffi pour endiguer le phénomène. Samedi, ce triste clap de fin est venu clôturer un match passionnant, salué par le retour des ultras saint-gallois et de près de 12’000 personnes. Jusque dans les derniers instants, Lüchinger devait être le bourreau des Valaisans. Le défenseur a ouvert le score (63e), moins d’un quart après avoir provoqué une faute (non signalée) dans sa surface. Il a balayé le pied d’appui de Filip Stojilković mais ni l’arbitre, Monsieur Lukas Fähndrich, ni le VAR n’ont bronché. «J’ai revu les images après et c’était clairement pénalty, a pesté le coach Marco Walker. Je ne comprends pas comment ils ne sont pas intervenus.»
Contrairement à l’arbitrage vidéo, Guillaume Hoarau a finalement sauvé les Valaisans qui ramènent un bon point de Saint-Gall. Un match nul qui vient récompenser des Sédunois bien organisés et volontaires. Le FC Sion a ainsi confirmé sa victoire décrochée contre le champion YB il y a deux semaines. «Même si nous avons trop reculé en deuxième mi-temps, nous avons livré un bon match, s’est félicité Marco Walker. Si on met de côté nos deux premiers matches ratés, nous restons sur quatre points. Place à Lugano désormais.» L’entraîneur du FC Sion respire un peu mieux.