«Il ne mâchait jamais ses mots»
Le pape François a été le chef du journaliste suisse Mario Galgano

Journaliste pour le Vatican News, Mario Galgano, originaire du canton de Schwytz, a vécu aux côtés du pape François durant plusieurs années. Pour Blick, il revient sur ses souvenirs les plus marquants du regretté souverain pontife.
Publié: 13:12 heures
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Le Suisse Mario Galgano a connu personnellement le pape François.
Photo: Helena Graf
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Helena Graf

Mario Galgano se sent chez lui au Vatican. Ce journaliste originaire du canton de Schwytz travaille depuis bientôt vingt ans pour la station de radio officielle de Vatican News, Radio Vaticana. «Le pape François était quasiment mon curé de village et, parallèlement, mon chef», explique Mario Galgano en rigolant à la cafétéria San Pietro. Derrière lui, la basilique Saint-Pierre brille dans le soleil matinal.

Il y a quelques heures seulement, il écoutait une annonce spontanée du cardinal Kevin Farrell. «Je n'aurais jamais pensé qu'il allait nous annoncer la mort de François», confie le journaliste, «Bien sûr que ça me bouleverse, que ça me rend triste. Mais j'ai toujours apprécié François pour son humour, son autodérision. Ce n'était pas un personnage triste, loin de là.»

Les gardes suisses devaient l'informer des résultats du match

L'homme de 45 ans se souvient de l'une de ses premières rencontres avec le pape: c'était lors de l'une de ses prises de parole officielles et Mario Galgano avait alors voulu lui présenter son livre sur la commune italienne de Norcia, située dans la province de Perugia. «Je lui ai dit que je venais de Suisse, que j'étais un quart italien, que j'étais marié à une Ukrainienne et que nous avions des enfants. Il a alors proclamé à haute voix que ma famille était une vraie «salade de fruits». Cela m'a beaucoup amusé», se souvient-il.

Sur sa photo de profil Whatsapp, Mario Galgano et le pape François se serrent la main. En tant que journaliste du Vatican, il a accompagné le souverain pontife lors de multiples rencontres et conférences, traduisant ses propos là où il allait. En coulisses, les deux hommes ont beaucoup parlé de football et des choix vestimentaires de Mario Galgano. «Il ne mâchait jamais ses mots lorsqu'il s'agissait de critiquer mes cravates», raconte-t-il en riant.

Le journaliste a toujours été impressionné par le caractère affable de François. Il aurait toujours été à l'écoute, peu importe qui l'approchait. «Lorsqu'une vieille Italienne a absolument voulu lui raconter en détail sa recette de tortellinis, il l'a écouté religieusement, sans l'interrompre», raconte Mario Galgano, en souriant.

Lors du match de Coupe du monde opposant la Suisse à l'Argentine en 2014. Le premier but n'avait été marqué que lors de la deuxième prolongation, à 119e minute, 1 à 0 pour l'Argentine. «Ce match l'a passionné», raconte Mario Galgano. «Comme il ne pouvait pas regarder lui-même la télévision, les gardes suisses devaient impérativement lui communiquer les résultats du match.» Il y a quelques années, François a même rencontré toute l'équipe du FC Bayern Munich et son manager Karl-Heinz Rummenigge, lui-même ancien footballeur professionnel. C'est Mario Galgano qui officiait comme traducteur lors de la rencontre.

Lors de la guerre en Ukraine, «il a beaucoup souffert»

D'après Mario Galgano, ces petits moments de sincérité étaient quotidiens lorsque l'on côtoyait François. «C'est pour cela que les gens le portaient véritablement dans leur cœur». Et pourtant, bien des crises se sont succédées au cours du règne de François: abus au sein de l'Eglise catholique, pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine, etc. A propos de cette dernière, Mario Galgano confie: «Je pense qu'il en a beaucoup souffert. Pour Poutine, l'Eglise catholique est un ennemi qu'il faut combattre. C'était une situation très pesante car il savait que se rendre sur place était terriblement risqué.»

Le pape François tient un drapeau ukrainien de Boutcha en avril 2022 après le massacre qui s'y est déroulé.
Photo: IMAGO/ABACAPRESS

Devant la basilique Saint-Pierre, les voitures klaxonnent. Le téléphone portable de Mario Galgano sonne. Depuis lundi matin, il est constamment sur le qui-vive. Heureusement, sa femme et ses enfants ont congé et ils vont bientôt pouvoir partir se reposer, loin de cette ville épuisante qu'est Rome. «Pour ma part, je continuerai à travailler à distance», dit-il.

La fille cadette de Galgano a été baptisée par François. C'était en 2014, au cœur de la chapelle Sixtine. «Lorsque ma fille s'est mise à crier, François a tranquillement dit que les pleurs des petits enfants lors de leur baptême à l'église sont un peu comme le chant des anges. Je n'oublierai jamais cette phrase.»

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