«Je ne suis pas là pour tuer, mais pour sauver des vies.» C’est ce qu’affirmait récemment le Schaffhousois Avi Motola au micro de la télévision suisse. Le sniper suisse se bat actuellement contre l’armée russe aux côtés des Ukrainiens.
Sauf que le sauveur de vies autoproclamé n’est pas le parfait héros qu’il prétend être. D’après notre enquête, le tireur d’élite a un casier judiciaire bien rempli dans son pays d’origine. Il a déjà passé plusieurs années en prison, notamment pour coups, blessures et vol.
Mais qui est donc Avi Motola? Sa mère, Anita G.* a accepté de témoigner pour Blick.
Un QI relativement élevé
«Tant de choses sont arrivées», se rappelle Anita, 71 ans. Avi, qui est né sous un autre prénom, a été «emprisonné pendant environ quinze ans». Son fils aurait commencé à lui poser très tôt des problèmes: «Il se faisait remarquer. Dès la première classe, j’ai été convoquée quatre fois à l’école en une semaine.»
Son fils a très vite subi de nombreux examens: «Il a un QI relativement élevé – mais à quoi cela lui sert-il?» Même des écoles spécialisées et des pédagogues expérimentés n’auraient pas fait avancer les choses.
Avi a commis des délits très tôt, poursuit Anita. Peu avant la fin de l’école de recrues, il l’a également menacée: «Il m’a mis un couteau sur le ventre dans la cuisine. Juste parce que je m’étais renseignée sur lui à l’école.»
«On reste mère»
Le futur militaire aurait déménagé très tôt. «J’avais encore des contacts avec lui, il passait aussi régulièrement, se souvient Anita. Mon erreur a été de l’accueillir à chaque fois chez moi. Comme lors de son dernier licenciement.» Le deuxième fils d’Anita, plus jeune de deux ans par rapport à Avi, aurait également mis sa mère en garde. «Je l’ai quand même fait: on reste une mère», déclare-t-elle.
Le militaire a par ailleurs lésé financièrement sa génitrice. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est actuellement recherché. «Il a trafiqué mon compte de caisse de pension avant de partir en Israël», se désole Anita. Elle a porté plainte contre son fils.
Ce dernier est d’ailleurs aussi visé par une plainte en Israël. Avi s’est marié là-bas et a un fils de 4 ans, qu’Anita n’a jamais vu. En Suisse aussi, Avi a une ex-femme et un fils, âgé de 15 ans. Il n’a aucun contact avec eux non plus.
«Avi a toujours eu une grande gueule»
Concernant les activités militaires de son fils, Anita cite son deuxième enfant: «Mon autre fils l’a dit avec justesse: 'Maman, il est dans son élément maintenant'.» Mais elle ne semble pas convaincue: «Avi a toujours eu une grande gueule.»
La dernière fois qu’elle a eu un contact avec lui, c’était après le reportage de la SRF, raconte Anita G. «Il m’a écrit qu’en Israël, il n’avait désormais plus le droit de voir son fils.» Et qu’il ne se souciait pas de savoir s’il serait abattu pendant la guerre.
Que se passerait-il si Avi Motola décidait soudainement de refaire surface? «Je devrais appeler la police et je lui parlerais, sans doute, imagine Anita. Mais je ne lui ouvrirais pas la porte.»
Pour Anita, il ne reste plus qu’une seule possibilité: «Je dois me distancier. Car j’ai honte.» Bien qu’elle ait beaucoup souffert, elle n’en veut plus à son fils désormais: «Qu’il reste en Ukraine, ou qu’il fasse ce qui le rend heureux – mais qu’il nous laisse tranquilles.»
La SRF mal prise
Reste la question de savoir si la télévision suisse était au courant des antécédents d’Avi Motola. Mario Poletti, directeur de la rédaction de «Rundschau», déclare: «Ces points spécifiques n’étaient pas connus de 'Rundschau'.»
Avant la diffusion du reportage, ils auraient exigé de lui un extrait de casier judiciaire. «Celui-ci ne comportait aucune mention. Bien entendu, nous aurions abordé son passé criminel si nous en avions eu connaissance. Nous regrettons d’avoir donné une image incomplète du mercenaire», se défend le journaliste.
Avi Motola bénéficie de la présomption d’innocence pour tous les faits qui lui sont reprochés.
*Nom connu de la rédaction