Les Suisses continuent de payer leurs médicaments beaucoup plus cher que dans les pays voisins. Pourtant, les différences de prix sont encore trop faibles pour les médicaments protégés par un brevet que pour les produits dont la protection a expiré. C'est ce que montre un comparatif des prix à l'étranger d'Interpharma et de l'association des caisses-maladie Santésuisse, publiée fin mai.
Sur les coûts des médicaments
Les prix des médicaments protégés par un brevet sont en moyenne 8,9% moins cher à l'étranger, tandis que pour les produits qui ne sont plus protégés, on paie en Suisse 14,3% de plus qu'à l'étranger pour la préparation originale. Quant aux génériques, ils sont environ deux fois moins chers à l'étranger (45,3%).
Un cinquième des coûts est consacré aux médicaments
Interpharma fait valoir qu'en comparaison avec d'autres biens de consommation, les différences de prix des médicaments protégés par un brevet par rapport à l'étranger sont faibles. Un contrôle annuel des prix permettrait d'économiser 1,5 milliard de francs. Les médicaments ne sont donc pas un facteur de hausse des coûts.
Néanmoins, les médicaments ont généré l'année dernière un peu plus d'un cinquième des coûts totaux de la santé dans l'assurance de base, soit une augmentation de 4% par rapport à l'année précédente. Selon Interpharma, le problème majeur est le système obsolète de formation des prix, qui rend difficile l'accès à de nouveaux remèdes.
De son côté, la directrice de Santésuisse Verena Nold demande à la Confédération d'abaisser les prix des génériques au niveau européen. Début 2024, les marges pour les génériques à bas prix ont massivement augmenté à la suite de l'introduction d'un nouveau modèle de prix.
L'un des principaux facteurs de coûts
Stefan Meierhans, alias Monsieur Prix, n'est pas surpris par les chiffres de la comparaison actuelle des prix avec l'étranger: «Nous partons même du principe que les différences de prix sont encore plus importantes, car les prix pratiqués à l'étranger sont souvent des 'prix vitrine' et les prix effectivement remboursés ne sont pas du tout connus», écrit-il en réponse à une question du «Beobachter».
Les règles de fixation des prix, qui pourraient être fortement améliorées, sont responsables de ces grandes différences. Ainsi, les coûts des génériques sont fixés à l'aide d'une règle dite de distance – la différence de prix par rapport à la préparation originale – au lieu d'une comparaison avec les prix pratiqués à l'étranger.
Contrairement à Interpharma, Stefan Meierhans considère également le montant des médicaments comme l'un des principaux facteurs de hausse des coûts de la santé. «Des économies seraient possibles sans restriction des prestations si l'on abaissait les prix à un niveau raisonnable.» Selon lui, il est urgent d'agir, en particulier pour les génériques.
«A mon avis, les rémunérations devraient être réduites aussi bien pour les pharmaciens que pour les médicaments», déclare Stefan Meierhans. Selon lui, les leviers possibles seraient de supprimer la règle de l'écart, de réduire les marges de distribution, d'interdire les modèles de prix confidentiels et d'introduire ce que l'on appelle le principe de coût-efficacité. Dans ce cadre, les caisses maladie ne rembourseraient que la version la moins chère d'une substance.
Le gaspillage de médicaments coûte deux milliards
Les adaptations prévues dans la fixation des prix des médicaments prennent un temps extrêmement long et, si elles sont mises en œuvre, elles le seraient de manière très affaiblie. «Manifestement, la pression de la souffrance n'est pas encore assez forte pour inciter le Parlement à prendre des mesures efficaces», constate Stefan Meierhans pour le «Beobachter».
Le fait de jeter moins de médicaments à la poubelle permettrait aussi de réduire les coûts de la santé. On estime que le gaspillage coûte deux milliards de francs par an. Il y a deux ans, l'ancienne conseillère nationale argovienne du Centre Ruth Humbel a donc déposé une motion chargeant le Conseil fédéral de proposer des mesures pour lutter contre ce phénomène. Lors de la session d'été actuelle, le Conseil national a adopté la motion par 170 voix pour, 12 voix contre et six abstentions.