Il a perdu au Tribunal fédéral
«On a vendu ma voiture dans mon dos!»

Burim Aziri est furieux: sa Subaru Impreza, qui se trouvait dans le garage d'une connaissance expulsée de son appartement, a été vendue. Le Soleurois s'est battu en vain jusqu'au Tribunal fédéral.
Publié: 20.08.2021 à 11:57 heures
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Dernière mise à jour: 20.08.2021 à 12:28 heures
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Lorsque le garage a été vidé, la voiture de Burim Aziri a été découverte - mais selon l'arrêt du Tribunal fédéral, personne ne savait rien de la sous-location.
Photo: Luisa Ita
Luisa Ita

Burim Aziri est en colère. Et en trottinette électrique plutôt qu'en voiture. «Ils m'ont volé ma Subaru Impreza, je ne peux pas le dire autrement!», s'exclame ce Soleurois de 36 ans. «Je n'ai plus de voiture, mon avocat me coûte un bras et j'ai encore tous les frais de justice à payer. C'est pas possible, ça ne peut pas être vrai...»

Après des mois de combat, le polymécanicien vient d'être débouté par le Tribunal fédéral. Malgré sa colère, le Macédonien reprend un peu ses esprits pour entamer son récit. «Depuis mon apprentissage, j'ai économisé chaque centime que je pouvais. Mon objectif: m'offrir la voiture de mes rêves.» Sitôt 54'000 francs rassemblés, Burim Aziri fait l'acquisition d'une Impreza flambant neuve.

«J'ai vu ma voiture passer!»

Le trentenaire a mis beaucoup de travail et d'argent dans ce véhicule. «Le tuning m'a coûté 30'000 francs au total», explique-t-il fièrement. Seulement voilà: sous le coup d'un retrait de permis, l'habitant d'Olten n'avait momentanément plus usage de son «bébé», sauf pour rouler des mécaniques. «La mère d'une connaissance louait une maison et avait un garage vide. On s'est mis d'accord et je le lui ai loué pour 100 francs par mois», raconte Burim Aziri.

Tout se passait bien jusqu'à ce jour où, assis dans un café, l'homme voit sa voiture passer. Pas de doute: il s'agit de sa Subaru Impreza, qu'il reconnaîtrait entre mille. «J'ai tout de suite averti la police pour signaler le vol. Il s'est avéré que la femme qui me louait son garage avait été expulsée par les propriétaires, explique le Soleurois. Durant les nettoyages, ils sont tombés sur ma voiture. Ils l'ont ouverte de force et l'ont vendue!» En l'apprenant, Burim Aziri a vu rouge: il a «arrosé» tous les protagonistes de plaintes. Pour intrusion, recel et appropriation illicite.

Recommandé pas réclamé à la poste

L'arrêt du Tribunal fédéral du 8 juillet dernier offre un autre son de cloche. Parce qu'elle n'avait pas payé son loyer, la femme a été expulsée — et elle a tout simplement disparu. Lors du nettoyage, les propriétaires sont tombés sur le véhicule, fermé. Le fils des propriétaires a alors appelé la police cantonale soleuroise pour identifier le détenteur de la Subaru Impreza. Les propriétaires ne savaient rien de la sous-location et un serrurier a été engagé pour ouvrir le véhicule.

Par recommandé, les autorités ont alors intimé le propriétaire — Burim Aziri, donc — de venir récupérer son véhicule dans les dix jours et de régler la note de la location du garage, sans quoi la voiture serait évacuée. Comme le courrier n'a pas été suivi d'effet (il n'a même pas été réclamé à la poste), la menace a été mise à exécution.

Vendue pour 17'000 francs

Une démarche justifiée, ont décidé les juges de Mon-Repos. Leur argumentaire: comme la locataire expulsée a laissé derrière elle de nombreuses affaires, il était logique de penser que le véhicule appartenait également à celle-ci. Et le fils des propriétaires — qui n'a pas souhaité s'exprimer auprès de Blick — a pris la peine d'identifier le possesseur de la Subaru et de contacter la police, relève la plus haute Cour du pays.

«Je ne savais rien de tout ça, et j'avais conclu de faire un versement à la locataire tous les six mois», se défend Burim Aziri, désemparé. «Ils ont vendu ma voiture pour 17'000 francs. Elle valait tellement plus que ça. Et même, à mes yeux, elle était invendable!»

Depuis le jugement du Tribunal fédéral, le Soleurois n'a plus d'énergie et passe son temps à dormir. Il continue d'emporter la clé de sa voiture avec lui. «Je vais la conserver jusqu'à ma mort. Je ne peux pas comprendre cette injustice, j'ai complètement perdu foi en notre système!»


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