En regardant tous ces bureaux vides, on ne s'attend pas à ce qu'Amgen emploie 210 personnes. La plupart d'entre elles travaillent depuis leur domicile. Car dans cette entreprise de biotechnologie située à Rotkreuz, dans le canton de Zoug, la présence n'est pas obligatoire: «virtual first», telle est la devise.
Ce modèle de travail a été introduit en 2021 pendant la pandémie de Covid-19. Depuis, l'entreprise américaine l'applique dans le monde entier. Tout le contraire de l'entreprise industrielle Sulzer par exemple, qui a de son côté complètement supprimé le télétravail.
Chez Amgen, chacun peut décider s'il veut travailler au bureau ou plutôt à la maison. «En interne, j'appelle aussi notre modèle de travail le 'modèle adulte' car il est basé sur la confiance», explique le chef des RH Markus Gwerder à Blick. «Chacun et chacune sait ce qu'il a à faire et peut décider lui-même où il effectue son travail.»
Les employés passent en moyenne deux jours par semaine au bureau; les mardis, mercredis et jeudis sont les jours où il y a le plus de monde sur place. Chez Amgen, les personnes travaillent aussi bien au service interne qu'externe. Celles-ci rendent visite aux médecins et s'occupent de la commercialisation des médicaments et des thérapies.
Les collaborateurs sont conquis
Les employés sont séduits par ce modèle de temps de travail flexible, comme le montrent les sondages internes. «De notre point de vue, la flexibilité contribue positivement à la productivité», explique Markus Gwerder.
Blick a sondé quelques employés pour connaître leur point de vue - à distance, bien sûr. «Le modèle de travail flexible me permet d'avoir un équilibre parfait entre vie professionnelle et privée», déclare Robert Jenny, 50 ans, du service juridique. Pour la cheffe de produit Patricia Graven Stauffer, 40 ans, cette flexibilité améliore sa qualité de vie: «Le fait de ne pas avoir à me déplacer me permet d'économiser du temps et de l'énergie, que je peux consacrer à d'autres obligations.» Tous deux passent un jour par semaine au bureau. Anna Schmelcher, 39 ans, du service de la communication, ne se rend au bureau qu'une ou deux fois par mois. Elle estime que sa performance «est meilleure».
En revanche, le fait que le bureau soit à la maison même est un inconvénient, selon elle. Il faut une délimitation claire. De plus, la résolution de conflits ne fonctionne pas toujours aussi bien en ligne qu'en présentiel, selon elle.
Malgré tout, aucune des personnes interrogées ne s'imagine travailler à nouveau à plein temps dans un bureau. Comme pour le chef des RH. Dans ses anciens jobs, il travaillait à plein temps au bureau. Désormais, il voit ses enfants plus souvent, même à midi. «Je pourrais sans doute revenir à un modèle de travail traditionnel. Mais est-ce que je le veux? Non.»
La culture d'entreprise ne doit pas se perdre
Lors des entretiens d'embauche, le modèle est particulièrement bien accueilli: «Dans 80 à 90% des cas, la question du travail flexible est posée. Le feedback est toujours très positif», explique Markus Gwerder. L'entreprise ne ressent pas le manque de personnel qualifié.
Le chef des RH admet toutefois qu'il est nécessaire de réfléchir activement à la manière d'encourager l'échange entre les collaborateurs. Enfin, il dit aussi qu'il souhaite développer la culture de l'entreprise. L'équilibre est la clé, selon Markus Gwerder: «La collaboration physique est très importante, nous ne voulons pas y renoncer.» C'est pourquoi il tient à rassembler les employés au bureau avec les «journées d'ancrage». Ces journées servent par exemple à informer les employés sur les affaires en cours, ou sur des problématiques de santé, comme à l'occasion de la Journée mondiale du cœur. «En moyenne, la moitié de nos employés vient au bureau ces jours-là», explique le chef des RH.
En outre, Amgen encourage les liens entre employés. L'année dernière, elle a mis à disposition des employés trois après-midi pour renforcer le teambuilding. Certains en ont profité pour aller au musée du chocolat, d'autres ont fait du pédalo sur le lac de Zurich. Tout cela sur leur temps de travail.
Des simples petits gestes peuvent favoriser le contact entre les employés: «Lors d'une vidéoconférence, la caméra est toujours allumée. Cela fait une énorme différence.» En général, toutes les réunions sont hybrides. Sauf lors des jours d'ancrage.
Le contrôle n'est pas une bonne option
Ne faut-il pas des contrôles coûteux pour s'assurer que les affaires fonctionnent correctement? Au contraire, selon Markus Gwerder. «Je trouve que renforcer le contrôle est une mauvaise approche. La confiance finit par disparaître. Au final, ce qui importe c'est que le travail doit être fait.»
Il y a trois ans, les bureaux de Rotkreuz ont déjà été réduits et il n'est pas prévu de le faire davantage. Ne pas avoir de bureau n'est pas une option. «Je trouve l'idée de départ super, à savoir que l'on peut venir au bureau si on le souhaite. Sinon, ce serait à nouveau une restriction inutile», explique le chef des RH. Au total, le bureau offre 120 postes de travail entièrement équipés.
Chaque entreprise doit analyser elle-même si le modèle lui convient. Le mieux est d'impliquer les employés dans le processus, conseille Markus Gwerder.