Haut niveau face au dollar
Le franc suisse est le grand gagnant des taxes douanières de Trump

Le franc bondit face aux nouveaux droits de douane américains et confirme son statut de valeur refuge. La BNS pourrait bientôt intervenir sur le marché des devises.
Publié: 09.04.2025 à 12:58 heures
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Le franc suisse bat des records.
Photo: Keystone
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Daniel Hügli

Le franc s’est renforcé face au dollar dans la nuit de mardi à mercredi, atteignant 0,8381 franc, son plus haut niveau depuis l’été 2011. Il y a à peine une semaine, le billet vert valait encore plus de 88 centimes. Face à l’euro, la monnaie suisse a également franchi un seuil: 0,9272 franc, frôlant des records historiques. Mercredi dernier, un euro se négociait encore à près de 95 centimes.

En toile de fond, le durcissement des tarifs douaniers américains. Depuis mercredi, les Etats-Unis appliquent, comme promis par Trump, des droits de douane nettement plus élevés sur les importations en provenance de plusieurs pays – en particulier ceux accusés d’entretenir un important déficit commercial avec les Etats-Unis. Les exportations suisses vers les Etats-Unis sont désormais soumises à un tarif douanier de 31% ou 32%. Les horlogers, l’industrie des machines et le secteur des technologies médicales sont les plus impactés.

Le franc sort clairement gagnant de cette politique douanière américaine et constitue une «valeur refuge comme dans les manuels», selon les analystes de la Commerzbank, cités par AWP. Face à cette montée en flèche du franc, la Banque nationale suisse (BNS) pourrait «traditionnellement» intervenir sur le marché des devises ou abaisser ses taux directeurs.

Que fait la BNS?

Etant donné sa marge de manœuvre limitée sur les taux, la BNS privilégiera probablement une intervention renforcée sur le marché des devises, selon la Commerzbank. Mais sans doute cette fois-ci sans mise en garde verbale préalable, afin d’éviter d’attirer l’attention de la Maison Blanche et d’être accusée de manipulation monétaire.

Depuis 2015, les Etats-Unis tiennent à jour tous les six mois une liste des pays susceptibles de manipuler leur monnaie – selon les critères du Trésor américain. Elle recense les Etats qui interviennent sur les marchés des changes pour en tirer un avantage. En 2020, à la fin du premier mandat de Donald Trump, la Suisse avait rempli les critères américains et figuré temporairement sur cette liste.

Le président américain a d’ailleurs de nouveau accusé la Chine de manipuler sa devise pour atténuer les effets des droits de douane américains: «Il faut le reconnaître. Ils manipulent leur monnaie aujourd’hui pour compenser les droits de douane», a-t-il déclaré lors d’un événement du National Republican Congressional Committee.

La BNS a dû se défendre. «La Suisse n'est pas une manipulatrice de devises», a affirmé Martin Schlegel, président de la Banque nationale suisse, le 20 mars dernier lors de la conférence de presse sur les taux d'intérêt. Selon lui, les interventions passées sur le marché des changes n’avaient pas pour but de favoriser l’économie suisse, mais d’assurer la conduite de la politique monétaire. Et cet outil pourrait de nouveau être utilisé si la situation l’exige.

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