L'hiver sera rude
La hausse du prix du mazout inquiète les Suisses

Après le choc aux pompes à essences, ce sont les habitants des maisons chauffées au mazout qui s'inquiètent. La hausse du prix du fioul domestique est encore plus importante que celle du carburant. Pour beaucoup de Suisses, l'hiver s'annonce rude.
Publié: 23.10.2021 à 06:42 heures
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Dernière mise à jour: 25.10.2021 à 08:15 heures
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Jeannette Adams, assistante scolaire à la retraite est durement touchée par le prix élevé du fioul domestique: «Il va faire froid pour nous cet hiver», prévoit-elle.
Photo: Ralph Donghi
Ulrich Rotzinger et Ralph Donghi

Un malheur ne vient jamais seul: le dicton semble particulièrement adapté aux fluctuations récentes du marché pétrolier. Les prix ne cessent d’augmenter. Si la tendance continue, il n’en faudra plus beaucoup pour que la valeur du pétrole brut atteigne un chiffre record en sept ans.

Les automobilistes ont pu noter la forte différence de prix à la pompe. Aujourd’hui, un plein d’essence coûte en moyenne 20 francs de plus par rapport au début de l’année. Du côté des habitants de maisons et d’appartements chauffés au fioul domestique, les effets de la flambée des prix arrivent avec un certain retard mais se font ressentir dans les factures.

Jeannette Adams, propriétaire d’une maison à Aarburg (AG), s'en inquiète. «Nous ne pouvons pas nous permettre de passer à un autre modèle de chauffage, sinon je ferais installer autre chose tout de suite. Le fait que les prix augmentent de cette manière est catastrophique pour nous», désespère l’assistante scolaire retraitée à Blick.

500’000 foyers chauffés au fioul

Sa maison fait partie d’un bon demi-million de résidences chauffées au fioul. La retraitée essaie d’économiser toujours plus, en ne chauffant jamais 24 heures sur 24 et en abaissant significativement la température des pièces. «Il va faire froid dans notre maison cet hiver, prédit Jeanette Adams. Nous devrons allumer notre chauffage au fioul encore plus.»

Certains ont été plus prévoyants et ont rempli leurs réservoirs de pétrole il y a plusieurs mois. Les fournisseurs de mazout facturent actuellement environ 100 francs les 100 litres, TVA comprise. La dernière fois que les prix avaient été aussi hauts c’était en 2018.

Blick a interrogé des fournisseurs de mazout de chauffage tels qu’Agrola, Oel-Pool AG et Oel-Hauser. Une commande standard de 3000 litres coûtait environ 2000 francs il y a un an. Aujourd’hui, elle coûte 3000 francs. Une augmentation de 33% qui fait sans doute le bonheur de ces fournisseurs.

Le retraité Heinrich Spycher de Rothrist (AG) a trouvé la parade pour être moins dépendant du fioul domestique: «C’est fou comme les prix ont augmenté. Nous avons la chance d’avoir combiné notre chauffage au fioul avec une pompe à chaleur.» Si l’hiver est rude, il n’a besoin que de 400 litres de mazout. Pour l’ancien carrossier, le choix était vite fait: «Il est hors de question pour nous de moins chauffer, nous n’avons pas envie de geler».

«Acheter du fioul domestique maintenant»

Roger Wirth dirige le fournisseur Oel-Hauser et travaille dans le secteur pétrolier depuis plus de 30 ans. En 2020, le prix a chuté à cause de la pandémie de Covid-19 et il est difficile selon lui de faire une comparaison sur le court terme. Il rappelle également qu’il faut prendre en compte les taxes CO2 appliquées au fioul domestique. «Si on prend en compte les taxes sur le CO2, les prix actuels sont dans l’ensemble dans la moyenne des six dernières années», tempère Roger Wirth.

Le directeur d’Oel-Hauser invite même à acheter plutôt qu’à se braquer sur les prix: avec la prochaine augmentation de la taxe sur le CO2 prévue le 1er janvier 2022 la situation pourrait empirer pour les consommateurs. «Avec une augmentation de 6,85 francs pour 100 litres, il faut acheter du mazout maintenant!, recommande Roger Wirth. Cela peut permettre aux clients d’économiser sur les taxes à venir et à se prémunir de potentielles hausses d’ici la fin de l’année».

Bien que la demande augmente, les fournisseurs de fioul domestique interrogés par Blick affirment que de longues périodes d’attente ne sont pas à craindre.

Le retraité Armin Wullschleger de Rothrist (AG) ne peut pas faire autrement: «Pour le dernier remplissage au printemps, nous avons payé un peu plus de 70 francs le litre. Mais qu’est-ce que je dois faire?» se lamente-t-il. Le retraité n’envisage certainement pas de passer à un autre type de chauffage maintenant. «Chauffer moins n’est pas non plus une option. J’espère vraiment que les prix vont baisser à nouveau.»


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