Comme Marco Ribeiro, 18 ans, João C.*, 19 ans, qui a grandi aux Grisons, a été harcelé à l'école. Ce dernier pense que c'était dû à son origine portugaise et le dit clairement, d'entrée de jeu: «Je suis un étranger, un Portugais. C'est la raison pour laquelle on s'acharnait sur moi au début de ma scolarité.»
Puis la situation s'est inversée. João a refusé d'être une victime, peu importe le prix à payer. «Au bout d'un moment, je m'y suis aussi mis et suis devenu l'instigateur de ces violences. Je suis passé du statut de victime à celui d'agresseur. De brutalisé à brute. Je me suis dit que si je participais, ils me laisseraient tranquille.»
«Nous étions toujours en groupe. Ou deux contre un»
Les camarades de classe les plus faibles étaient humiliés verbalement, raconte-t-il. L'une de ses victimes était handicapée, raconte froidement C. «Alors nous le lui disions: ça se voyait directement sur lui. C'était un handicapé physique et mental.» En général, il s'attaquait toujours à des plus faibles, explique João C. «Nous opérions toujours en groupe. Ou deux contre un.»
Une fois, poursuit-il, lui et son groupe ont même jeté une victime à travers travers l'allée d'un bus. «Il a volé de l'arrière presque jusqu'à l'avant. Nous nous étions mis à quatre contre lui.»
Mais il ne harcèle plus, dit João C.
La dernière fois qu'il a brutalisé quelqu'un, il était encore au lycée, affirme le Grison. «J'avais 16 ans». Il a cessé depuis de violenter les autres. Surtout parce que ça pourrait avoir des conséquences beaucoup plus lourdes sur lui aujourd'hui. «J'ai passé l'âge», éclaire-t-il.
Néanmoins, João C. ne ressent toujours pas de remords. «Peut-être que c'était plus facile pour moi parce que je ne me suis jamais senti coupable. J'étais une brute - et je je le regrette pas.» Il ne serait donc pas disposé à s'excuser auprès de ses victimes.
«Ça ne vous mènera nulle part si vous faites de l'intimidation»
João C. est tout à fait conscient que les violences peuvent avoir des conséquences. Tant du côté de l'auteur que du côté de la victime, comme il le souligne. «Et je sais maintenant que l'intimidation peut vous pousser au suicide.»
Pourtant, João C. n'a cessé de harceler les autres que lorsqu'il s'est rendu compte que cela ne lui offrait aucun avantage. «Ça ne te mène nulle part de brutaliser les autres. Ça ne m'a pas procuré de sentiment de force.»
*Le nom a changé