Grave incendie en Haut-Valais
Le patron d'Air Zermatt se justifie: «Mes propos ont été sortis de leur contexte»

Philipp Perren, le président d'Air Zermatt, est sous le feu des projecteurs pour avoir critiqué l'engagement de l'armée suisse dans la lutte contre les incendies de forêt à Bitsch (VS). Dans une interview accordée à Blick, il s'explique.
Publié: 19.07.2023 à 17:03 heures
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A Bitsch, des Super Puma de l'armée sont intervenus sur le site de l'incendie qui a commencé lundi.
Photo: Keystone
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Martin Meul

Alors que les forces d'intervention continuent de lutter contre l'incendie de forêt à Bitsch (VS), Philipp Perren, le président du conseil d'administration d'Air Zermatt, a fait les gros titres. Dans une lettre envoyée à l'armée, il critiquait en effet le fait que des Super Puma aient été utilisés en soutien à l'aviation civile.

Selon lui, Air Zermatt aurait pu maîtriser la situation sans appui militaire, rapporte le journal «Walliser Bote». Dans les colonnes de commentaires du journal, l'indignation est grande, le président d'Air Zermatt étant accusé de cupidité.

Philipp Perren, les réactions à la lettre que vous avez envoyée sont très négatives. Regrettez-vous de l'avoir écrite?
Il est très regrettable que mes propos aient été complètement sortis de leur contexte par les médias. Il est totalement faux de dire qu'Air Zermatt aurait menacé de retirer ses hélicoptères parce que ceux de l'armée ont été appelés. Cela a conduit à des déclarations erronées. On parle avant tout de sauver des vies, c'est tout ce qui compte dans cette histoire.

Que dit concrètement votre lettre?
Je vous la cite: «Lors de l'incendie de forêt en Valais, la direction locale des opérations aériennes a décidé, sur la base des informations recueillies sur place, que seuls trois hélicoptères pouvaient être engagés. Toute la nuit, plusieurs hélicoptères civils ont éteint le feu, à savoir trois hélicoptères d'Air-Glaciers, d'Air Zermatt et de Lions Air. Trois hélicoptères supplémentaires auraient pu intervenir si la situation sur place l'avait permis, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent.» J'ai également prévenu que l'engagement d'autres hélicoptères entraînerait le retrait des nôtres, pour des raisons de sécurité.

En d'autres termes, vous ne voulez pas que les hélicoptères de l'armée soient sur place?
Il s'agit avant tout de sécurité sur le site. Ce principe doit toujours être prioritaire, même lors d'interventions de sauvetage. Les Super Puma de l'armée ne doivent être engagés que s'il y a un besoin de renforts supplémentaires.

La lettre parlait aussi d'argent?
Non, la lettre ne parlait pas d'argent. Notre principale préoccupation est la sécurité et la protection des habitants et des personnes touchées par le sinistre. Depuis lundi soir, nous travaillons sans relâche pour lutter contre l'un des plus grands incendies de forêt de ces dernières années. Notre objectif premier est de l'éteindre le plus rapidement possible, tout en protégeant la vie des personnes et leurs biens.

Malgré tout, vous écrivez que l'armée a été mobilisée parce que c'est gratuit. Vous, en revanche, vous gagnez des centaines de milliers de francs grâce à cette intervention...
Encore une fois, il n'est question que de sécurité dans la lettre. Et du fait que ce n'était pas nécessaire d'envoyer l'armée et ses Super Puma.

Tout cela est donc un malentendu?
Oui, sans aucun doute. On ne peut pas se contenter de sortir des phrases de leur contexte pour en faire des gros titres et attirer l'attention du public. C'est irresponsable et irrespectueux envers toutes les personnes qui se sont engagées dans la lutte contre l'incendie ces derniers jours.

Mais alors, pourquoi parle-t-on d'argent, s'il ne s'agissait que de questions de sécurité?
En cas d'événement majeur, comme l'incendie de forêt de Bitsch, il faut mobiliser rapidement autant de moyens d'intervention que possible. Ce qui est compréhensible. Et comme l'engagement de l'armée est gratuit, c'est logiquement vers elle que sont formulées les demandes d'intervention. Mais il n'est pas judicieux de faire appel à l'armée alors qu'il y a suffisamment de moyens civils à disposition. C'était et c'est toujours le cas à Bitsch. En Suisse, l'armée intervient en dernier recours, lorsque toutes les autres possibilités ont été épuisées.

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