Le cinéaste franco-suisse Jean-Luc Godard est décédé mardi matin, a d'abord rapporté «Libération». Il était l'un des emblèmes du mouvement de la Nouvelle Vague qui a profondément révolutionné la vision de la création cinématographique. Il s'est éteint «paisiblement» et «entouré de ses proches» chez lui à Rolle (VD).
Aucune cérémonie officielle n'aura lieu. Le bref communiqué publié par ses proches précise encore que le cinéaste sera incinéré. Aucun autre détail n'est mentionné.
Avec son esthétique filmique radicale, Jean-Luc Godard est l’un des réalisateurs qui a le plus marqué le cinéma, et ce bien au-delà des années 1960. Co-fondateur de la Nouvelle Vague, il a rompu avec les canons cinématographiques pour créer un langage filmique expérimental qui lui est propre.
Goût de la provocation
Né à Paris le 3 décembre 1930 de parents français d'origine suisse, Jean-Luc Godard passe son enfance à Nyon (VD). Après des études d'ethnologie à Paris, il envisage de devenir écrivain, puis peintre avant de se lancer dans le cinéma.
Amateur de cigares et passionné de tennis, il a le goût de la provocation. Imprévisible, il semble prendre plaisir à jouer le trublion médiatique, parfois cynique et courtoisement misanthrope.
Oeuvre foisonnante
L'artiste a signé une oeuvre foisonnante. Il a tourné ou participé à près de 150 films et vidéos. L'un de ses longs métrages les plus connus, «A bout de souffle» (1959), devient l'oeuvre phare de la nouvelle vague. Suivent «Le Mépris» (1963), «Pierrot le Fou» (1965), «La Chinoise» (1967), «Sauve qui peut (la vie)» en 1980, «Prénom Carmen» (1983) ou les huit épisodes des «Histoire(s) du cinéma» (1988-1998).
Parmi ses muses figurent Anna Karina et Anne Waziemski qu'il épousera successivement, avant de devenir le compagnon de la Lausannoise Anne-Marie Miéville. Le couple est installé à Rolle (VD) depuis 1977.
Suicide assisté
Le cinéaste a fait appel à une organisation d'assistance au suicide pour s'en aller. Un membre de son entourage a confirmé à Keystone-ATS l'information divulguée par le journal français «Libération».
«Le corps était fatigué. Il ne suivait plus», a expliqué un proche. «Il ne pouvait plus vivre normalement en raison de diverses pathologies. Et je pense que pour un homme qui était aussi indépendant, aussi intègre, c'était une entrave majeure de ne pouvoir disposer de ses moyens physiques comme tout un chacun.»
Toujours selon la même source, l'annonce du décès aurait normalement dû intervenir ultérieurement. Mais elle a fuité dans la presse française. «Nous voulions nous donner 48 heures. Mais nous avons été pris de court et cela a été un peu désagréable. Nous voulions passer cette journée dans la sérénité.»
En Suisse, l'assistance au suicide est autorisée à des conditions strictes. Les organisations qui proposent ce service ne sont pas punissables tant qu'aucun «motif égoïste» ne peut leur être reproché. Le patient doit ingérer la substance mortelle lui-même et doit disposer de sa capacité de discernement. Tant Exit que Dignitas le conditionnent également à l'existence de pathologies, par exemple liées à l'âge.