Comment agir face à la résurgence de cas de Covid en Suisse? La population a sa petite idée, révèle notre sondage exclusif. Mais avant de nous y plonger, qu’en pensent les autorités? «Nous observons la situation de près», a annoncé le ministre de la santé Alain Berset le 18 novembre. Avant de renchérir, sûr de lui: «Nous continuons à observer la situation».
Beaucoup d’observations, donc. Et peu d’actions. Le Conseil fédéral a refilé la patate chaude aux cantons qui doivent maintenant décider s’ils vont durcir les mesures sanitaires.
Il n’est cependant plus l’heure de tergiverser: le variant Omicron se lance à l’assaut de l’Europe. Certains cantons étendent l’obligation du port du masque et des entreprises annulent leur fête de Noël. Depuis samedi, des voyageurs depuis plusieurs pays d’Afrique et d’Europe sont à nouveau soumis à une quarantaine obligatoire. L’Autriche a annoncé un confinement et la Grande-Bretagne impose aux voyageurs un test PCR et une quarantaine. La Suisse, tout comme le monde entier, traverse ces nouvelles turbulences tant bien que mal.
Dans cette situation tendue, des questions se posent: que souhaite la population? Est-elle satisfaite des décisions des autorités fédérales et cantonales? Ou en attend-elle davantage?
Nette majorité pour punir les non-vaccinés
Le sondage représentatif réalisé auprès de 1003 individus pour le compte du SonntagsBlick montre qu’un durcissement du régime vis-à-vis des personnes non vaccinées recueillerait une nette majorité. 62,8% des personnes interrogées, soit près des deux tiers, souhaitent que seuls celles et ceux qui sont vaccinés ou guéris puissent vivre sans contrainte.
53% sont favorables à la vaccination obligatoire pour tous. Une mesure plus ciblée, visant certains secteurs professionnels seulement, est encore mieux accueillie, avec l’approbation de 69% des répondants. Selon la loi sur les épidémies acceptées par le peuple en 2013, cette mesure serait déjà envisageable actuellement.
Un nouveau confinement ne réjouirait quasiment personne. Moins d’un cinquième des personnes interrogées, c’est-à-dire 18,5%, est favorable à cette mesure drastique. Un confinement partiel, réservé aux non-vaccinés, rencontre plus de succès avec 47,1% d’approbation.
Les cantons pourraient faire mieux
Si l’opinion du peuple s’écarte de la ligne du Conseil fédéral et de nombreux cantons, on ne peut toutefois pas parler d’une crise de la confiance. Lorsque les répondants sont interrogés sur l’attentisme de la Confédération, 49,7% d’entre eux n’y voient rien à redire.
La population a des velléités plus élevées au niveau régional: 54,2% ne sont pas satisfaits des décisions prises par les cantons.
Le sondage met également en évidence les fossés qui divisent le pays. Alors que dans les agglomérations et les villes 52,1% souhaitent que le Conseil fédéral prenne des mesures plus strictes, ils ne sont plus que 43,1% dans les campagnes.
Sur la même question, il y a également des différences entre les genres: la majorité des femmes, 54,4%, demande un durcissement de la part de la Confédération. Les hommes, quant à eux, ne sont que 46,3% à le souhaiter.
Davantage de satisfaction en Suisse romande
Dans ce sondage, le Röstigraben se fait également bien sentir. Les Suisses romands, avec 42,4%, sont moins nombreux que leurs compatriotes d’Outre-Sarine — 52,7% — à estimer que la Confédération doit agir. Les taux d’incidence plus faibles des régions francophones peuvent expliquer cette disparité nationale. Les cantons romands font également figure de bons élèves en matière de vaccination sur le plan helvétique.
Cette tendance se confirme lorsqu’il s’agit de se prononcer sur les mesures supplémentaires. Par exemple, les Romands sont moins nombreux à estimer que le vaccin obligatoire est une bonne idée (50,2%).
Autre facteur de variation: l’âge des répondants. 48,4% des moins de 30 ans sont favorables à une vaccination obligatoire générale, contre 62,5% des plus de 60 ans.
Un dilemme de taille
Les résultats du sondage effectué par la société Link sont explosifs — d’autant que la pression pour introduire des règles plus strictes augmente de jour en jour. Les personnes non vaccinées, qui souffrent déjà de l’obligation de payer des tests, seraient alors confrontées au dilemme suivant: le vaccin ou l’isolement social.
Ce qui est sûr, c’est que lorsque le Conseil fédéral débattra la semaine prochaine des nouvelles mesures, il saura ce qu’en pense la population. Nous observerons la situation de très près.
(Adaptation par Jessica Chautems)