Avant la votation de dimanche sur la loi Covid
Le Conseil fédéral refile la patate chaude aux cantons

A quelques jours de la votation sur la loi Covid-19, le Conseil fédéral ne serre pas la vis pour freiner la pandémie. Face à des disparités régionales, c'est aux cantons d'agir, estime mercredi le gouvernement.
Publié: 24.11.2021 à 15:32 heures
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Dernière mise à jour: 24.11.2021 à 16:55 heures

Alain Berset juge inapproprié un durcissement général des mesures de lutte contre le coronavirus malgré une situation sanitaire critique. Celle-ci devrait encore se détériorer aux cours des semaines à venir, a averti l'OFSP. Si les groupes à risque sont touchés, cela impactera avoir une répercussion sur les hôpitaux.

L’hygiène des mains, une aération régulière des espaces intérieurs, la distance sociale, le dépistage dès l’apparition des symptômes sont d’une importance capitale. La population doit les respecter de manière conséquente. «Nous avons toutes et tous un rôle à jouer pour vaincre la pandémie», a rappelé le ministre de la Santé. «C’est la situation la plus difficile que nous avons eue à vivre depuis une année. C’est certainement lié à la dangerosité du nouveau variant, mais aussi à la saison.»

Actions régionales

Le gouvernement table sur le comportement des citoyens et une réaction régionale pour freiner la propagation. «Il y a de grandes différences entre les cantons», a déclaré Alain Berset au nom du Conseil fédéral. Le Conseil fédéral et les cantons avaient décidé que ces derniers auraient la main dès lors que la situation évoluait de manière différente au niveau régional. C’est le cas actuellement, s’est justifié le gouvernement pour expliquer son choix de laisser les cantons décider pour leur territoire.

Les plus touchés sont appelés à prendre davantage de mesures. Ils peuvent par exemple étendre l’obligation du port du masque, notamment dans les écoles ou obliger le télétravail. Certains cantons ont déjà pris des mesures plus strictes. Le Conseil fédéral appelle ceux qui ne l’ont pas encore fait à mettre en place les tests répétitifs et à introduire l’obligation de présenter un certificat pour entrer dans les établissements de santé, comme les homes.

Les structures hospitalières doivent aussi être préparées à une nouvelle surcharge. Les cantons doivent également encourager la vaccination. La troisième dose doit être administrée aussi rapidement que possible, surtout pour les personnes à risque.

Activités de saison

Ces mesures seront prises en fonction de la situation et par étapes, rappelle la Conférence des directeurs cantonaux de la santé (CDS). Les sports d’hiver ou les marchés de Noël ne doivent pas être interdits. Mais des concepts de protection doivent être présentés. Si la situation se dégrade, ces manifestations peuvent être réduites.

Dans la mesure du possible, les fermetures d’écoles ou de crèches doivent être évitées. Les mesures préventives doivent être mises en avant. Les cantons ont également la possibilité d’adapter le traçage des contacts en fonction de la situation et de prendre des mesures aux frontières si nécessaire.

Nouvelles mesures en vue?

Le Conseil fédéral avait décidé en mai dernier d’orienter les mesures en fonction de la situation du système de santé, dès lors que la vaccination était accessible à la population de plus de douze ans. Cela comporte des risques, reconnaît le gouvernement.

Il est difficile d’éviter totalement une surcharge des hôpitaux tout en autorisant un taux d’infection élevé. Si les mesures cantonales et le comportement des habitants ne devaient pas montrer d’effet, le Conseil fédéral mettra en consultation des mesures plus strictes au niveau national. Mais Alain Berset s’est montré positif. «On doit trouver le moyen de traverser cet hiver sans utiliser des moyens extrêmes tels que ceux de l’Autriche et de l’Allemagne. Mais la situation est délicate et l’objectif est d’éviter une surcharge du système hospitalier. Mais si cela se produit, nous devrons prendre des mesures», a regretté le ministre de la Santé.

Il n’a pas hésité à montrer une certaine lassitude, en déclarant: «Nous ferons le plus possible pour traverser l’hiver avec le moins de dégâts possibles. Nous devons toutefois travailler avec l’incertitude. Nous en avons tous plus qu’assez, mais nous ne pouvons pas juste penser à autre chose pour que cette situation disparaisse.» Mais pour le ministre de la Santé, une chose est sûre: «La vaccination doit rester volontaire.»

«Attendez-vous que la votation contre la loi Covid soit passée pour durcir les mesures?»

A cette question légitime, Alain Berset a répondu avec vigueur par la négative, affirmant que la situation des hôpitaux était «sous contrôle» – mais que cela pourrait rapidement changer. Le Conseil fédéral jouerait-il avec le feu? «C’est une question de dynamique et cela dépend de l’évolution de la situation», a relativisé le ministre de la Santé. Selon lui, il faut différencier l’augmentation des hospitalisations et l’augmentation du nombre de cas. Mais la situation est critique et doit être suivie de près, a-t-il précisé.

«Critique est le mot juste», a toutefois souligné Patrick Mathys de l’Office fédéral de la santé publique. Il est clair que si la situation se poursuit au rythme actuel, les hôpitaux seront confrontés à de grands défis dans les semaines à venir. «Nous espérons que chacun a en mémoire la situation de l’année dernière», a ajouté Alain Berset.

«Et les tests gratuits?»

Le Conseil fédéral envisage-t-il à nouveau la gratuité des tests? Le ministre de la Santé a rappelé que la non-gratuité des tests avait été décidée en août: il n’en est pas question aujourd’hui. Cependant, il a expliqué que des demandes émanant de commissions parlementaires allaient dans ce sens. «Cela montre que la discussion peut encore évoluer.»

(ATS/Lauriane Pipoz)

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