Gestion de la rivière franco-suisse tendue
Les eaux du Doubs, autre enjeu de la visite de Macron

La gestion de la rivière franco-suisse cause des tensions entre Berne et Paris, écrit le «Matin Dimanche». La France souhaite appliquer sa législation sur les débits résiduels, ce qui pourrait causer la perte de la centrale de la Goule, dans le Jura.
Publié: 19.11.2023 à 21:36 heures
La chute du Saut du Doubs, à la frontière franco-suisse. La gestion des eaux de la rivière provoque des tensions, mais la sécheresse est un autre problème de taille. Ici la cascade sans eau, en 2020.
Photo: Keystone

Cela n'a pu échapper à personne, le président français Emmanuel Macron était en visite d'État en Suisse, du 15 au 16 novembre. Grands enjeux internationaux, manifestants sprayés au poivre sur le campus de l'Unil, voyage dans le «Salon suisse», Macron, toujours accompagné du président de la Confédération, Alain Berset, a terminé son voyage au CERN (Centre d’étude et de recherche nucléaire) à Genève.

Un «petit» dossier, néanmoins brûlant, a aussi été traité par les deux hommes politiques, indique le «Matin Dimanche»: celui du Doubs. La gestion des eaux de la rivière franco-suisse cause des tensions entre Berne et Paris.

Une seule concession

Trois ouvrages hydroélectriques sont situés sur la rivière, là où elle fait frontière avec la France. Et leurs concessions doivent être renouvelées. Celle de la Goule (JU) se termine en octobre prochain. En revanches, celles du Châtelot (NE) et du Refrain, en France, sont actives respectivement jusqu'en 2028 et en 2032, écrit le dominical.

Des divergences entre les volontés suisses et françaises pourraient mettre en péril l'ouvrage de la Goule. D'une part, la Suisse a comme projet, à l'horizon 2028, de n'avoir plus qu'une seule concession internationale, témoigne l'Office fédéral de l'énergie dans les colonnes de l'hebdomadaire. La Goule pourrait continuer d'exploiter son ouvre entre la fin de sa concession et l'entrée en vigueur de la nouvelle.

Catastrophe pour la Goule

Mais d'autre part, la France souhaite, dès octobre 2024, que soit appliquée son règlement sur les débits résiduels, soit la quantité d’eau minimale qui doit demeurer dans le lit d'une rivière après tout prélèvement d’eau. Ce qui serait catastrophique pour la goule, toujours selon le «Matin Dimanche». 

En effet, les débits minimaux sont deux fois plus élevés en France qu'en Suisse. La plus vieille centrale hydroélectrique helvétique ne serait plus rentable. Les gouvernements du Jura et de Neuchâtel militent ainsi pour que le régime actuel soit maintenu. Le Jura serait particulièrement impacté par la fermeture de la Goule, qui fournit 30% de la production électrique du canton.

Pression sur le Rhône

Le dossier est pour l'heure bloqué, faute d'un accord transitoire. Le dominical analyse le risque que les autorités suisses ne cède aux demandes françaises, pour «faire tomber la pression» exercée par Paris sur la gestion du Rhône, cette fois. Aujourd'hui administrée par Vaud, Genève et le Valais, la France aimerait avoir voix au chapitre en ce qui concerne le fleuve.

Effectivement, ses eaux alimentent l'agriculture et le nucléaire de l'hexagone. Ainsi, Albert Rösti, à la tête du Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication, pourra peut-être choisir de se désolidariser de l'arc jurassien, pour ne pas fâcher la France sur la question du Rhône, sachant que l'approvisionnement électrique suisse compte aussi sur le nucléaire français. 

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