A l'insu des consommateurs
La Chine se cache derrière ces marques de voiture présentes partout en Suisse

En Suisse, les férus de voiture font de moins en moins confiance aux constructeurs chinois. L'Empire du Milieu a donc trouvé d'autres moyens pour investir le marché plus discrètement. Le cas de Geely, entreprise bien implantée en Suisse, en est un parfait exemple.
Publié: 14.04.2025 à 07:17 heures
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Dernière mise à jour: 14.04.2025 à 11:34 heures
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Une autre filiale de Geely devrait bientôt voir le jour en Suisse.
Photo: ZVG.
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Ramon Egger

C'est en grande pompe, avec une forte présence médiatique et l'écho des influenceurs que le groupe automobile chinois BYD a officiellement été lancé en Suisse la semaine dernière. La plupart des véhicules sont convaincants sur le plan technique. Par exemple, la berline BYD Seal s'est placée parmi les sept finalistes pour le titre européen de «Car of the Year» en 2024. 

Mais pour réussir, la qualité des produits seule ne suffit pas: il faut avant tout gagner la confiance des clients. Et en Suisse, c'est plutôt mal parti. Selon un sondage de l'assureur AXA, la Chine est de loin le pays producteur d'automobiles le moins apprécié des Suisses. Pour autant, tout n'est pas perdu pour BYD: le succès d'une marque automobile dépend du pays auquel le public attribue la marque. Les rapports de propriété effectifs ou le lieu de production et de développement passent au second plan aux yeux des clients. 

Par exemple, la Model 3 de la marque américaine Tesla, qui a longtemps dominé le classement des ventes de voitures électriques en Suisse, est produite dans la Gigafactory de Shanghai, en Chine. Même la très populaire Cupra Tavascan, dont 519 exemplaires ont été immatriculés en Suisse l'année dernière, est en principe chinoise car elle a été fabriquée dans l'usine Volkswagen de la province Anhui.

L'avancée discrète de Geely en Suisse

Le grand groupe chinois Geely a très bien compris cette stratégie et joue depuis longtemps un rôle important sur le marché automobile suisse. Un grand nombre de marques lui appartiennent: Volvo, Polestar, Smart et Lotus. Volvo et Polestar sont entièrement détenues par Geely, qui détient aussi une part majoritaire de Lotus.

Parmi ces marques, seuls les véhicules de Volvo sont encore construits en Europe, tandis que Polestar, Smart et Lotus produisent leurs voitures pour le marché européen en Chine. Parmi les marques de Geely, c'est Volvo qui a vendu le plus de véhicules neufs en Suisse l'année dernière avec 9653 unités, suivie de Smart (887), Polestar (603) et Lotus (92). Ces quatre marques confondues, Geely a vendu 11'235 véhicules en Suisse, ce qui représente une part de marché de 4,7%, juste derrière Toyota/Lexus (5,3% de part de marché), mais bien devant des constructeurs comme Ford ou Honda.

Etroite collaboration entre la Chine et la Suède

A présent, Geely veut augmenter ses parts de marché en Suisse grâce à une cinquième marque. En effet, après la Suède, la Norvège et les Pays-Bas, la marque électrique premium Zeekr sera bientôt lancée chez nous. Les marques Geely ont la particularité de n'avoir aucune structure supérieure commune pour l'importation et la distribution en Suisse. En d'autres termes, Zeekr et Volvo utilisent la même technique et les mêmes plateformes. Il n'y a donc pas de raisons de douter des voitures de Zeekr si l'on fait déjà confiance à celles de Volvo. 

Une grande partie du développement de Zeekr a lieu à Göteborg, en Suède. C'est là que Volvo et Polestar ont vu le jour et que Zeekr emploie plus de 600 personnes. Ces employés s'occupent de la sécurité en cas d'accident, de la cybersécurité et de la protection des données, des aspects réglementés de manière bien plus stricte en Europe que sur le marché chinois. 

Performance ne dit pas (encore) confiance

L'équipe suédoise travaille également en étroite collaboration avec les Chinois pour le réglage du châssis et du comportement routier, comme nous l'a expliqué à Blick le chef de produit Alessandro Massimino: «Zeekr Europe est en contact permanent avec l'équipe de Chengdu et donne son feedback, intégré ensuite dans le développement.» Un premier essai confirme donc qu'une Zeekr n'a rien à envier à une Polestar ou une Volvo en termes de performances et de finition. Là encore, ce n'est pas étonnant car elles utilisent la même technologie et sortent de la même usine en Chine.

En revanche en matière de technologie de recharge, Zeekr a une vraie longueur d'avance. Il est possible de charger jusqu'à 360 kW et le temps de charge de 10 à 80% ne dure que 13 minutes. De plus, Zeekr offre une garantie de dix ans et 200'000 kilomètres sur ses véhicules, batterie comprise. Mais cela suffira-t-il à gagner la confiance des clients suisses?

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