Ce lundi, trois membres du célèbre collectif russe des Pussy Riot ont été arrêtés à Köniz, dans le canton de Berne. Sur un mur, elles étaient en train de peindre une indication bien précise: la distance qui sépare le quartier de Wabern (dans lequel elles se trouvaient) de la guerre en Ukraine. C'est à ce moment que la police a fait son apparition.
Menottées, elles sont alors emmenées au poste et relâchées quelques heures plus tard. Le lendemain, dans une interview accordée à Blick, elles portent de graves accusations contre la police: «La policière m'a dit que je devais me déshabiller complètement. Je ne le voulais pas et je l'ai dit plusieurs fois. Pour finir, j'ai quand même dû le faire», explique Taso Pletner, membre du collectif.
Une fouille corporelle qui fait débat
Lorsque la police a découvert que les personnes sujettes à la fouille étaient membres des Pussy Riot, la situation a brusquement changé, continue Taso Pletner. «Je ne sais pas ce qui me serait arrivé si j'avais été une illustre inconnue. Pourtant nous sommes en Suisse, un tel procédé n'est pas normal».
Contactée par Blick, la police bernoise conteste que les femmes aient dû se mettre entièrement nues. «Dans le cadre des investigations, nous avons vérifié si les personnes portaient des objets dangereux sur elles. Dans ce contexte, personne n'a jamais dû se déshabiller entièrement». Les femmes auraient en outre accordé le droit à la police de procéder à la fouille.
Le fait d'être menotté n'est pas non plus inhabituel. La police cantonale bernoise l'avait déjà confirmé mardi. C'est surtout lorsque plusieurs personnes doivent être transportées que les menottes sont régulièrement utilisées en raison du risque de fuite.
Le graffiti a quand même été réalisé
Concernant le graffiti effectué à Köniz, il sera effacé par les autorités le lendemain. Une déception pour les Pussy Riot. «Les autres graffitis sur le mur n'ont pas été touchés, seul le nôtre a été effacé, s'agace Marija Aljochina. Je ne comprends pas cela. Nous n'avons blessé personne avec ce graffiti. C'est juste un rappel de la vérité».
Pour les Pussy Riot, l'affaire se termine bien. Le groupe a pu se produire mardi soir dans la capitale. Plus tard, les membres du collectif ont à nouveau tagué un graffiti en lien avec la guerre sur le mur du bâtiment accueillant l'événement - avec cette fois l'autorisation du propriétaire.
Les Pussy Riot ont quitté la Suisse mercredi. «Nous voulons faire passer notre message dans d'autres pays», explique Lucy Stein, 26 ans. «Nous avons déjà subi plusieurs arrestations et nous sommes prêtes à en subir d'autres pour faire passer notre message.»
(Adaptation par Thibault Gilgen)