C’est avec un ton inhabituellement vif que le ministère russe des Affaires étrangères a attaqué cette semaine le président de la Confédération Ignazio Cassis après ses déclarations sur la guerre en Ukraine. La porte-parole Maria Zakharova l'a réprimandé sur «sa conception erronée de l'histoire» et l'accuse de ne pas être fidèle à la neutralité de la Suisse.
Ainsi, selon Maria Zakharova, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) aurait «ignoré les explications détaillées [de la Russie] après les crimes barbares du régime ukrainien à Boutcha et Kramatorsk et a imputé sans retenue toute la responsabilité à la partie russe». La Russie condamnerait cette attitude avec la plus grande fermeté.
Il ne reste plus qu'à espérer que les dirigeants suisses «ne considèrent pas l’inviolabilité de la neutralité comme de belles paroles, a-t-elle poursuivi. C’est sur cette base que nous évaluerons la véritable 'qualité' du statut de neutralité de la Confédération suisse».
Le DFAE évoque à nouveau les violations de la Russie
Le DFAE et Ignazio Cassis avaient réagi diplomatiquement et s’étaient abstenus de tout commentaire sur cette attaque. Le président de la Confédération lui a finalement adressé des propos fermes: le DFAE ne se laisse pas intimider par la Russie. Dans une prise de position publiée mercredi soir au sujet d'un rapport d’experts de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le DFAE évoque à nouveau clairement des «violations du droit international humanitaire et des indices de graves violations des droits de l’homme par les forces armées russes».
La Suisse veut soutenir la justice pénale internationale
Selon le rapport de l'OSCE, les troupes russes ont très vraisemblablement commis des crimes contre l’humanité durant leur invasion de l’Ukraine. Le rapport de trois juristes d’Autriche, de Suisse et de la République tchèque a été commandé par 45 pays de l'Organisation. Les trois experts n’ont pas émis de jugement définitif, mais souligné que certains modèles d’actes de violence russes remplissaient probablement les critères.
Dans sa prise de position, le DFAE a également précisé que la Suisse «[soutiendrait] la justice pénale internationale dans ses futures procédures».
(Adaptation par Jocelyn Daloz)