Étude explosive
La discrimination et la violence sexualisée gangrènent l'armée suisse, qui va prendre des mesures

Les violences sexualisées sont répandues dans l'armée suisse, souvent non reconnues comme telles. Les soldats hommes sont souvent responsables de ces actes, et les signalements de ces violences sont rarement pris au sérieux.
Publié: 31.10.2024 à 14:16 heures
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Dernière mise à jour: 31.10.2024 à 14:45 heures
Photo: KEYSTONE
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ATS Agence télégraphique suisse

Les femmes, les personnes non hétérosexuelles et les personnes transgenres sont particulièrement visées par des discriminations et de la violence sexualisée au sein de l'armée suisse. Tous les groupes classés en fonction du genre et de l'orientation sexuelle sont toutefois touchés, à des degrés divers.

Une étude sur la discrimination et la violence sexualisée fondées sur le genre et/ou l'orientation sexuelle dans l'armée suisse, publiée jeudi, conclut que ces discriminations et violences sont répandues en son sein. Il ne s'agit pas de cas particuliers: la discrimination et la violence sexualisée sont étroitement liées avec la culture d'entreprise de l'armée.

Près de la moitié des personnes interrogées ont été victimes de discrimination, et 40% déclarent avoir subi de la violence sexualisée (verbale, non verbale ou physique). Les femmes sont nettement plus touchées que les hommes.

Propos homophobes et transphobes

La violence sexualisée verbale est la plus répandue. Sur les 1126 personnes (764 femmes et 362 hommes) interrogées, 81% disent avoir subi, de rarement à très souvent, des remarques et des blagues sexistes pendant le service.

Les hommes cisgenres non hétérosexuels sont particulièrement touchés aussi. Plus largement, les personnes queer, qui représentent 15,1% de l'échantillon, doivent régulièrement faire face à des comportements et propos homophobes et transphobes.

Le motif de discrimination le plus souvent invoqué est le sexe. Les femmes sont dévalorisées en raison de leur genre, tandis que les hommes et les femmes non hétérosexuels le sont en raison de leur orientation sexuelle. Un cinquième des personnes interrogées a dit avoir été discriminé sur la base d'autres facteurs, liés au racisme, à la religion, à la langue ou au physique.

Culture d'entreprise sexiste

Certaines discriminations et violences ne sont pas toujours identifiées comme telles en raison de la culture d'entreprise, souligne l'étude. Plus de 86% des personnes interrogées ont vécu des situations pouvant être catégorisées comme de la violence sexualisée. En parlant de culture d'entreprise qui tolère la discrimination sans y donner suite, le rapport mentionne la culture machiste qui règne dans l'armée. Il relève que certaines femmes aussi adoptent totalement les normes masculines et n'hésitent pas à dévaloriser les autres femmes en conséquence.

D'autres motifs de discrimination sont mentionnés, comme les dynamiques de groupe qui provoquent la dévalorisation d'une minorité, ou encore le principe voulant que les personnes queer et les femmes n'ont pas leur place dans l'armée. L'étude évoque donc l'importance de protéger les minorités.

Cela ne signifie pas que les hommes ne peuvent pas aussi être victimes de discrimination et de violence sexualisée, un sujet vu comme «tabou» ou «pas un problème majeur» selon le rapport. Cette violence existe également, comme des «rites d'initiation humiliants et dangereux».

Les résultats montrent que 37,6% des hommes interrogés ont vécu une situation de ce genre avec d'autres hommes, et 13,5% avec d'autres femmes. Ce dernier type de violence n'est pas négligeable compte tenu de la part réduite de femmes dans l'armée, note l'étude.

Surtout les soldats hommes responsables

Celle-ci a aussi étudié quelles catégories de personnes étaient le plus souvent à l'origine d'actes discriminatoires. Il en ressort que près de la moitié sont des soldats hommes, y compris appointés et appointés-chefs. Viennent ensuite les sous-officiers et officiers de l'armée de milice.

Les officiers et sous-officiers de carrière suivent. L'enquête souligne une disproportion particulièrement importante entre la taille des groupes des hommes militaires de carrière et des sous-officières de milice et le nombre de personnes auteurs de discrimination.

En matière de signalements, l'avertissement auprès de services officiels est rare, mais il est fréquent que les victimes en parlent aux cadres hiérarchiques ou aux collègues. Toutefois, trois quarts des personnes interrogées indiquent que les signalements ne sont souvent pas pris au sérieux, voire étouffés.

Les hommes sont par ailleurs plus nombreux que les femmes à renoncer à signaler un comportement. L'image du soldat idéal comme un homme viril, blanc, fort, dur et autodiscipliné est véhiculée dans l'armée, note le rapport.

L'armée reconnaît et annonce des mesures

Face à ces résultats, l'armée annonce des mesures complémentaires à sa stratégie diversité, afin de renforcer la protection des militaires et d'accélérer le changement de culture au sein de l'armée. Les mesures sont réparties en six champs d'action.

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