Face à la vague estivale
Les mesures contre le Covid vont-elles faire leur grand retour?

Les cas de Covid augmentent à nouveau, présageant une nouvelle vague estivale. Les milieux de la santé demandent des mesures de sensibilisation. La Confédération doit-elle reprendre les rênes de la situation sanitaire?
Publié: 11.06.2022 à 17:26 heures
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Dernière mise à jour: 11.06.2022 à 17:37 heures
Les températures montent en Suisse. Et les cas Covid aussi. (Image d'illustration)
Photo: keystone-sda.ch
Sermîn Faki et Gianna Blum

Les données en provenance de l’étranger ne laissent rien présager de bon: le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) met en garde contre une recrudescence du nombre de cas Covid, à cause des variantes BA.4 et BA.5 d’Omicron.

C’est le cas par exemple en Israël. Le nombre de nouvelles infections quotidiennes y a doublé au cours des quatre dernières semaines. Salman Zarka, responsable Covid pour le gouvernement, a déclaré cette semaine que le pays se trouvait de fait au début d’une nouvelle vague, au point qu’il faille probablement bientôt administrer une cinquième dose de vaccin à la population. Les experts y recommandent même de réintroduire l’obligation de porter un masque à l’intérieur des bâtiments.

Au Portugal, le nombre de cas a également augmenté massivement. Et, bien plus alarmant encore, le nombre de décès hebdomadaires dus au Covid y a presque atteint le même niveau que le pic de la première vague.

La Suisse est-elle assez préparée?

En Suisse aussi, le nombre d’infections augmente. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a annoncé mardi 10’289 nouvelles contaminations au cours des sept derniers jours, et 107 hospitalisations. C’est-à-dire une augmentation de 48,2% en l’espace d’une semaine. Les hospitalisations ont quant à elles augmenté de 8,1% par rapport à la semaine précédente.

Une nouvelle vague de Covid estivale semble menacer la situation sanitaire, en Suisse également. Sommes-nous prêts à l’affronter, ou risquons-nous de nous trouver nous aussi dans une situation délicate?

La Confédération répond qu’elle ne compte intervenir que si cette vague est plus grave que les précédentes, et que les hôpitaux arrivent à la limite de leurs capacités. En attendant, les cantons doivent se débrouiller tout seuls. Ce qui semble déjà leur poser problème.

Pas près d’être surpris

Toujours est-il que la Confédération et les cantons surveillent de près l’évolution épidémiologique. Ils relèvent le nombre de cas, le nombre de tests, les admissions à l’hôpital, et analysent les eaux usées. Il est donc peu probable qu’une grande vague se prépare sans que l’on ne s’en aperçoive, et qu’elle nous submerge soudainement. Le tableau de bord Covid de l’OFSP permet également à chacun de voir comment le virus se comporte. On y constate par exemple que Bâle-Ville, le canton de Zurich, Genève, et la Principauté du Liechtenstein annoncent actuellement le plus grand nombre de nouvelles infections.

Voici les mesures que peuvent prendre les cantons de façon indépendante:

  • Interdiction de manifester
  • Fermeture des écoles
  • Port du masque obligatoire dans les transports publics, les magasins, les manifestations
  • Ordonner l’isolement et la quarantaine des personnes infectées et de leurs contacts.

Ils sont en outre tenus de maintenir des capacités de dépistage, de vaccination et d’hospitalisation suffisantes.

La Confédération elle-même entend se concentrer sur:

  • Le monitoring
  • La coordination
  • L’acquisition de vaccins

Elle s’assure en outre que les outils techniques tels que le certificat Covid et l’application SwissCovid fonctionnent au cas où ils devraient être réutilisés.

«Personne ne veut être le premier»

Il suffit de jeter un coup d’œil à cette liste pour se rendre compte qu’une intervention rapide en cas de nouvelle vague sera difficile. Car il est peu probable que les cantons réussissent, comme par magie, à se coordonner et à se mettre d’accord dans de brefs délais. Dans le même temps, il est pratiquement exclu qu’un canton suisse impose seul des mesures telles que le port obligatoire du masque, ou interdise des manifestations.

C’est également l’avis du politicien chargé de santé Lorenz Hess. «Remettre la responsabilité aux cantons ne fonctionnera pas, affirme ce conseiller national du centre. Personne ne voudra être le premier à prendre des mesures.» Et même si c’était le cas, il faut craindre un patchwork tel que nous l’avons connu pendant les premières phases de la pandémie – et qui n’a en rien aidé à la freiner.

Les leviers de la Confédération

Cela signifie que, si la situation dégénère, en fin de compte, ce sera à nouveau à la Confédération d’intervenir. Et elle est en mesure de le faire, comme l’écrit le Conseil fédéral dans un document datant du 18 mai. Elle peut par exemple recommander aux cantons certaines mesures comme l’obligation du port du masque. Elle peut même les ordonner, si elle estime que la situation est à nouveau particulièrement dangereuse pour la santé publique. Et ce sans même appliquer à nouveau le dispositif de «situation particulière», régi par la loi sur les épidémies.

«Actuellement, aucune mesure n’est nécessaire, avance Lorenz Hess. Mais j’attends du Conseil fédéral qu’il cesse de se dérober à ses responsabilités, et qu’il assume ses compétences.»

Surveiller sans punir?

La conseillère nationale verte Katharina Prelicz-Huber estime même qu’il est nécessaire de prendre des mesures dès maintenant. Du moins pour ce qui est de la sensibilisation, «pour que les gens prennent conscience que le Covid est toujours là – sans pour autant répandre la panique. Un nouveau pic peut encore être freiné par une hygiène consciencieuse.»

L’élue socialiste Flavia Wasserfallen estime en revanche qu’il suffit pour l’instant d’observer l’évolution de la maladie, et ses éventuelles répercussions sur le système de santé. «Ce qui me préoccupe déjà en vue de la fin de l’automne, c’est plutôt la situation du personnel de santé.» Pour elle, les cantons doivent se coordonner pour mettre à disposition une capacité hospitalière suffisante, et préparer des ressources pour les cas d’urgence «même si cela implique des coûts pour eux».

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