Face à ses deux concurrents
Quelles sont les chances d'Alain Berset de devenir secrétaire général du Conseil de l'Europe?

L'ancien conseiller fédéral socialiste Alain Berset est celui qui a recueilli le plus de voix pour être élu secrétaire général du Conseil de l'Europe. Il doit maintenant convaincre les membres de l'Assemblée parlementaire.
Publié: 30.03.2024 à 08:43 heures
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Dernière mise à jour: 30.03.2024 à 08:50 heures
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L'ancien conseiller fédéral PS Alain Berset veut aller à Strasbourg.
Photo: keystone-sda.ch
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Pascal Tischhauser

Il figure sur le ticket pour l'élection du secrétaire général du Conseil de l'Europe: Alain Berset a toutes ses chances d'accéder à la Kaiserplatz de Strasbourg et d'être élu secrétaire général du Conseil de l'Europe le 25 juin. Sans compter sur le salaire de 300'000 euros, non imposable, qui l'attendrait.

En plus de la retraite des anciens conseillers fédéraux d'un peu plus de 230'000 francs, Alain Berset toucherait un revenu de 470'000 francs, soit plus que lorsqu'il était au gouvernement national. Il devrait donc reverser plus de 60'000 francs de sa retraite – ce qui est supportable.

Le revenu, les majordomes, le palais de Strasbourg... La fonction de secrétaire général du Conseil de l'Europe, plutôt inconnue dans notre pays, conviendrait plutôt bien au flamboyant Alain Berset, qui aime les grandes entrées en scène et sait se montrer en homme d'État.

Deux adversaires inégaux

L'Estonien Indrek Saar, qui a le même âge que lui, et le Belge Didier Reynders, âgé de 65 ans, sont opposés à l'ancien magistrat du PS. Le premier, ancien acteur et directeur de théâtre, appartient au même parti que lui. Mais sur le plan politique, il est un poids plume par rapport au socialiste fribourgeois. Indrek Saar a tout juste réussi à devenir ministre de la Culture.

Le deuxième, Didier Reynders, a en revanche non seulement occupé le poste de ministre des Finances, de ministre des Affaires étrangères et de ministre de la Défense, mais il a également été vice-Premier ministre et il est commissaire européen à la Justice et à l'État de droit depuis décembre 2019. C'est la deuxième fois que le Belge se présente. En 2019, il avait été battu par la Croate Marija Pejcinovic Buric. Le fait qu'il est failli face à cette candidate, faible dit-on, ne joue pas en sa faveur, pas plus que son âge avancé.

Le plus de oui, le moins de non

Lundi, le Comité des ministres du Conseil de l'Europe a décidé de recommander les trois candidats à l'élection. On a également appris qu'Alain Berset était en tête. Les résultats exacts de l'élection n'ont pas été communiqués.

Selon les informations de Blick, Alain Berset a obtenu 38 voix pour, 4 voix contre et une abstention. Indrek Saar a donc obtenu 34 voix pour et 6 voix contre, avec 3 abstentions. 33 voix pour et 9 voix contre ont été enregistrées pour Didier Reynders. Pour ce dernier, deux personnes se seraient abstenues.

Même si le Suisse est en tête, aucun des candidats n'est encore battu. Par ailleurs, les cartes sont désormais redistribuées. En effet, le 25 juin, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe décidera qui du trio fera la course. Cela représente environ 300 électeurs qui ont encore chacun une représentation. Une seule chose est sûre: un peu plus de 300 personnes sur ces 600 feront de quelqu'un du trio proposé le nouveau secrétaire général.

Un argument contre Alain Berset

Comme Alain Berset et Indrek Saar appartiennent à la même famille politique, les voix socialistes pourraient se partager. De plus, l'Estonien a fait partie de la délégation estonienne au Conseil de l'Europe. Il est donc «l'un des leurs», ce qui devrait lui apporter des voix. Ces points plaident en défaveur du Suisse.

Mais le fait que l'ancien ministre de l'Intérieur ait été deux fois président de la Confédération, donc chef d'État, l'aide. Et le fait qu'il ait été un coureur de 800 mètres plutôt performant devrait également plaire à l'un ou l'autre membre de l'Assemblée parlementaire. Et son brevet de pilote, qui fait plutôt scandale dans notre pays, peut également faire impression à Strasbourg.

Mais le président du Centre, Gerhard Pfister, est tout sauf impressionné. Sur les réseaux sociaux, il tire à boulets rouges sur Alain Berset, le «prétendant à l'ivresse de la guerre», parce que ce dernier, en tant que président de la Confédération, a déclaré dans une interview sur la guerre en Ukraine qu'il ressentait «une ivresse de la guerre dans certains cercles». Dans sa brochure électorale peu réservée, le Fribourgeois a toutefois corrigé le tir: être plus critique vis-à-vis de la Russie passe mieux.

Sa bonne attitude aide

Même si la modestie est mieux perçue dans notre pays, beaucoup de gens à Strasbourg trouvent que quelqu'un qui a une attitude d'homme d'État comme Alain Berset ferait du bien au Conseil de l'Europe. Et le fait qu'il ne vienne pas d'un pays de l'UE joue également en faveur du Fribourgeois, d'autant plus qu'après la Croate Pejcinovic Buric, c'est à nouveau le tour d'un représentant des non-membres.

Pourtant, nombreux sont ceux qui, à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, s'étonnent de l'élan avec lequel l'ancien sportif de haut niveau suisse a repris la course en main et dépassé ses deux adversaires.

Il peut compter sur le DFAE

Mais Alain Berset n'est pas seul. Il est épaulé par une équipe du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Sur demande, le DFAE a indiqué que le candidat suisse pourrait même utiliser le jet du Conseil fédéral pour sa campagne électorale. Il n'a toutefois pas fait usage de cette possibilité jusqu'à présent.

Lorsque la session spéciale du Conseil national se déroulera à Berne du 15 au 17 avril, les trois candidats se présenteront aux différents groupes politiques du Conseil de l'Europe. La plupart des membres du Conseil national pourraient donc être absents à Strasbourg. Mais s'il y a bien une chose qu'Alain Berset maîtrise, ce sont les apparitions. Il devrait faire bonne impression – même sans le soutien de Berne.

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