Et pourtant... une maigre compensation pour les victimes d'abus
L'Eglise catholique suisse brasse des milliards

L'impôt ecclésiastique alimente les caisses des paroisses catholiques en Suisse. Pourtant, elles se montrent avares lorsqu'il s'agit de compenser les victimes d'abus. Un coup d'œil sur les pays voisins montre toutefois que la facture pourrait bientôt être salée.
Publié: 14.09.2023 à 11:33 heures
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Dernière mise à jour: 14.09.2023 à 14:38 heures
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L'Eglise catholique en Suisse encaisse chaque année plus d'un milliard de francs (cathédrale de Coire).
Photo: Keystone
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Christian Kolbe

L'Eglise catholique suisse est une entreprise qui brasse des milliards. Chaque année, la plus grande église nationale encaisse plus d'un milliard de francs, principalement grâce aux impôts des fidèles et des entreprises.

Voici les trois principaux piliers des recettes:

  • 782 millions de francs d'impôt ecclésiastique des personnes physiques
  • 172 millions de francs d'impôt ecclésiastique des personnes morales
  • 105 millions de francs de contributions des pouvoirs publics (notamment pour le paiement des salaires)

Les chiffres sont des moyennes pour les années 2016 à 2021, comme l'a indiqué la Conférence centrale catholique romaine à la demande de Blick. Au final, cela représente 1059 millions par an. A cela s'ajoutent les revenus issus de l'important patrimoine immobilier de l'Eglise catholique. «Le portefeuille immobilier a une valeur d'au moins trois milliards de francs», estime Ansgar Gmür, théologien et ancien directeur de l'Association suisse des propriétaires fonciers.

Une maigre satisfaction

Certes, l'entretien des églises et des centres paroissiaux coûte surtout de l'argent. Mais d'autres biens immobiliers appartenant à l'Eglise rapportent encore d'autres millions. Même si les paroisses ne maximisent pas leurs bénéfices, un rendement minimal d'environ 1% devrait être tout à fait possible. Cela représente donc 30 millions de francs supplémentaires chaque année.

Du côté des dépenses, outre l'entretien des bâtiments, ce sont surtout les frais de personnel qui pèsent dans la balance. Mais à côté de ce chiffre d'affaires de plusieurs milliards, les sommes versées jusqu'à présent aux victimes d'abus sont très modestes, pour ne pas dire misérables. Jusqu'à présent, seulement 2,5 millions de francs ont été versés au fonds de compensation pour les victimes d'abus. Pour les cas d'abus sexuels prescrits, deux millions de francs ont été versés jusqu'à présent à titre de réparation morale, au maximum 20'000 francs par victime, souvent moins.

D'autres pays paient nettement plus

Si, dans le cadre de l'étude publiée mardi sur les abus sexuels au sein de l'Eglise catholique, quelques cas non prescrits devaient apparaître, cela pourrait coûter très cher à certaines paroisses. En effet, dans certains cantons, ce que l'on appelle la responsabilité de l'Etat s'applique également à l'Eglise. Ce sont donc les paroisses qui sont responsables de leurs employés.

Un coup d'œil sur l'Allemagne montre ce qui pourrait arriver à l'Eglise catholique en Suisse. Les catholiques y sont environ dix fois plus nombreux qu'en Suisse. L'Eglise catholique allemande a jusqu'à présent versé plus de 38 millions de francs aux victimes d'abus sexuels. Récemment, l'archevêché de Cologne a été condamné à verser plus de 280 000 francs de dommages et intérêts pour souffrance à une victime d'abus.


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