Et il a coûté cent millions de francs…
Le jet flambant neuf du Conseil fédéral est toujours bloqué en Turquie

Le jet flambant neuf du Conseil fédéral, mis en service il y a seulement quatre mois, est bloqué à Antalya, dans le sud de la Turquie depuis. Ce n'est pas la première fois que la Confédération est confrontée à des problèmes avec sa flotte destinée aux dirigeants.
Publié: 14.04.2025 à 18:48 heures
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Dernière mise à jour: 14.04.2025 à 18:53 heures
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Le nouveau jet du Conseil fédéral est bloqué en Turquie depuis samedi.
Photo: PETER KLAUNZER
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Joschka Schaffner

Terminus à Antalya? Le Bombardier Global 7500 de la Confédération, récemment acheté, est bloqué en Turquie. Depuis samedi, le jet du Conseil fédéral est totalement hors service. Alors que le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis et sa délégation se rendaient d'Ankara à Antalya, une «réduction momentanée de la puissance d'un des moteurs» s'est produite, selon les indications de l'armée suisse.

Lundi matin, on ne sait toujours pas où le bât blesse. Selon le porte-parole de l'armée Mathias Volken, interrogé par Blick, des clarifications techniques sont en cours avec le fabricant. «Ce n'est qu'à l'issue de ces investigations que l'on saura si une éventuelle réparation est nécessaire et dans quelle mesure.»

La Confédération a fait l'acquisition du «plus grand jet d'affaires du monde» il y a à peine quatre mois. Très vite, les premiers problèmes sont apparus: l'engin à plus de cent millions de francs n'entrait pas dans les hangars appartenant à la Confédération à l'aéroport de Berne. Jusqu'à ce qu'un bâtiment plus grand y soit construit, le jet du Conseil fédéral devra donc se rabattre sur l'aérodrome militaire de Payerne (VD) pendant environ deux ans. 

Plus embarrassant encore: lors du voyage d'Ignazio Cassis en Amérique latine, l'aéronef n'a pas pu atterrir dans la ville bolivienne d'El Alto situé à 4061 mètres d'altitude car il n'est pas fait pour atterrir à une telle hauteur. D'ici fin 2025, le «Palais des airs» devrait toutefois être rééquipé, avait alors indiqué le Département de la défense.

Un pathétique air de déjà-vu

L'engin de Bombardier n'est pas le premier avion de la Confédération à rencontrer de tels problèmes: on se souvient par exemple du Pilatus PC-24, extrêmement impopulaire, que le conseiller fédéral Ueli Maurer avait commandé en 2014. Lorsque la Confédération a reçu l'appareil en 2019, elle s'est rendu compte que l'appareil n'était absolument pas pratique et conforme à un jet privé d'Etat. Après deux ans, l'avion, qui avait coûté 9 millions de francs, a été revendu.

Mais l'histoire devient réellement gênante lorsqu'on sait que le Pilatus PC-24 devait en fait remplacer le Cessna Citation Excel. En 2021, cet avion a, lui aussi, connu une panne lors d'un moment important: alors que l'ancienne conseillère fédérale Simonetta Sommaruga s'apprêtait à rentrer en Suisse après une rencontre à Londres avec plus de 40 autres ministres de l'Environnement, un moteur du Cessna est tombé en panne à l'aéroport de Northolt. Le jet a dû être réparé sur place.

Simonetta Sommaruga a dû se rabattre sur le Falcon 900, un appareil que la Suisse a acheté il y a douze ans au prince Albert II de Monaco… qui a, lui aussi, dû se poser deux fois en urgence la même année: Guy Parmelin a ainsi manqué une rencontre avec l'empereur du Japon et Ignazio Cassis est resté bloqué au beau milieu de la Sibérie alors qu'il avait rendez-vous le ministre chinois des Affaires étrangères. A force, notre ministre tessinois devrait être habitué à ce genre d'incident technique.

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