Le tragique accident de chasse survenu le 30 novembre à Oulens-sous-Echallens a indéniablement choqué les esprits. D'abord par la rareté de ce genre de drame. Ensuite par son caractère douloureusement évitable, puisque les «tirs de traque» sont interdits par la loi. Depuis, des appels à des formations supplémentaires et des réglementations plus strictes pour les chasseurs se multiplient dans le canton de Vaud.
Après la Fédération des sections vaudoises de la Diana (FSVD) qui souhaite renforcer la formation de base des chasseurs, le député Hadrien Buclin, membre du groupe Ensemble à Gauche et POP (EP), veut aller plus loin. Il vient de déposer une question orale au Grand Conseil.
Sa demande: le Conseil d'Etat a-t-il prévu d’introduire une obligation de suivre des formations pour les chasseurs après l’obtention du permis et de renforcer la surveillance des pratiques des chasseurs sur le terrain? La réponse tombera ce mardi 10 décembre, à 14 heures.
«Ce drame révèle des lacunes dans le respect du cadre légal»
Pour rappel, un chasseur de 64 ans a été tué après des tirs destinés à déloger des sangliers réfugiés dans une zone inatteignable, recouverte de ronces. Une fois les bêtes émergées de leur cachette, un autre tir a suivi, visant l'un des animaux. Le groupe a ensuite réalisé avec effroi qu'un chasseur avait été mortellement touché.
«Ce drame révèle vraiment des lacunes dans le respect du cadre légal, car il en ressort que la personne a réalisé des tirs d’effarouchement dans le but de faire sortir le gibier, ce qui est explicitement interdit par la loi sur la faune, estime Hadrien Buclin, contacté dimanche par téléphone. La cible doit être visible avant de tirer et ce n’était manifestement pas le cas, puisque c'est un chasseur qui a été touché.»
«Les formations actuelles ne suffisent pas»
Le député regrette ainsi qu'aucune obligation de formation continue ne suive l'obtention du permis de chasse dans le canton de Vaud, et qu'un meilleur contrôle ne soit pas assuré sur le terrain.
Dimanche dernier, Alexandre Berthoud, président de la FSVD, nous affirmait pourtant que des tests supplémentaires ne sont pas nécessaires: «Tous les chasseurs doivent réaliser un examen de tirs, tous les trois ans, rappelait-il. Celui-ci permet de tester la vue, les réflexes, mais aussi de se rendre compte, à titre personnel, si l'on est encore apte de pratiquer.»
Or, pour Hadrien Buclin, ces mesures ne suffisent pas: «Il s'agit d'examens techniques, destinés à vérifier si la personne sait viser et est capable d'utiliser correctement son arme. Mais en termes de respect de la loi, la formation est insuffisante.»
Pas de limite d'alcool pour les chasseurs vaudois
Notre interlocuteur souligne, par ailleurs, l'augmentation du nombre de personnes souhaitant obtenir le permis de chasse, notamment relevée par Alexandre Berthoud dans les colonnes de «24 Heures» début novembre: «Avec la croissance démographique, cela pose des questions au niveau de la sécurité des randonneurs ou des cyclistes, qui se baladent en nature. Le territoire n’est pas infini, on risque d'être confrontés à de plus en plus de conflits d’usage. Et la législation vaudoise sur la chasse n'est pas aussi stricte que dans d'autres cantons.»
Un exemple? À Neuchâtel, le cadre légal impose aux chasseurs une limite du taux d'alcool à 0,5 ‰, identique à celle de la conduite automobile. «Nous n'avons pas ce type de règle dans le canton de Vaud, observe Hadrien Buclin. Il n'y a pas de raison qu'il y ait une limite pour la conduite et pas pour la chasse, alors qu'il s'agit tout de même d'une activité avec fusil en main. Je serais même favorable à une limite à zéro, avant la chasse.»
Les prochaines étapes dépendront du Conseil d'Etat. Si aucune réponse concrète n'est formulée mardi, le député évoque une riposte sous la forme d'une motion demandant la révision de la loi sur la faune.