Entrée en fonction ce dimanche
Voici les défis qui attendent les nouveaux conseillers fédéraux Rösti et Baume-Schneider

Au Conseil fédéral, les deux nouveaux venus pourraient être les plus sollicités en 2023. Entre asile et crise énergétique, Elisabeth Baume-Schneider et Albert Rösti devront probablement se lancer dans le grand bain. Explications.
Publié: 01.01.2023 à 08:35 heures
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Dernière mise à jour: 01.01.2023 à 13:55 heures
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Les nouveaux conseillers fédéraux Élisabeth Baume-Schneider et Albert Rösti doivent immédiatement faire leurs preuves en tant que gestionnaires de crise.
Photo: keystone-sda.ch
Daniel Ballmer, Lea Hartmann

Ce 1er janvier, la nouvelle conseillère fédérale socialiste Elisabeth Baume-Schneider, 59 ans, prendra en charge le Département de la justice et la police. En parallèle, le nouveau conseiller fédéral UDC Albert Rösti, 55 ans, se saisira, lui, de l’environnement, des transports et de l’énergie.

Ce sont ces plus jeunes membres du gouvernement qui risquent d'être les plus sollicités par les affaires courantes. Coup de projecteur sur les plus grandes crises et les casse-tête auxquels le Bernois et la Jurassienne devront se frotter dès le début de leur mandat.

La crise énergétique dans la ligne de mire

Albert Rösti prendra ses fonctions au milieu de la plus grave crise énergétique qu’a connue la Suisse depuis des décennies.

Après le départ soudain de Simonetta Sommaruga, l’UDC devra veiller à un approvisionnement suffisant du pays en électricité et en gaz, non seulement cet hiver, mais aussi l’année prochaine. La pénurie pourrait alors s’aggraver, car il est peu probable que les stocks de gaz soient à nouveau remplis d’ici là.

Le Conseil fédéral n’est pas resté inactif ces derniers mois. Il a par exemple fait développer les réserves hydroélectriques et mis en place des centrales de réserve fonctionnant au gaz ou au pétrole. Mais il reste encore beaucoup à faire: pour réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de l’étranger, Albert Rösti devra continuer à faire avancer le tournant énergétique. D’ici à 2050, la Suisse doit atteindre la neutralité climatique.

Une tâche désagréable attend ici le nouveau ministre de l’Environnement: il devra défendre dans les urnes la nouvelle loi sur la protection du climat rédigée par le Parlement comme contre-projet à l’initiative sur les glaciers. Car c’est justement son parti qui a lancé le référendum contre cette loi. Jusqu’à son élection au Conseil fédéral, Albert Rösti avait lui-même siégé en tant que coprésident du comité référendaire.

Les défenseurs du climat doutent fortement que l’ancien lobbyiste de l’automobile et du pétrole réussisse ce changement de camp. Toutefois, et même s’il le voulait, Albert Rösti ne pourrait en aucun cas arrêter le tournant énergétique déjà en cours.

À plus long terme, le Bernois devra en outre trouver des moyens pour assurer à la Suisse une place solide sur le marché européen de l’électricité. Une tâche délicate, car après que le Conseil fédéral a interrompu les négociations sur l’accord-cadre, l’Union européenne (UE) ne semble guère conciliante quant à un accord sur l’électricité.

Les autres défis d’Albert Rösti

La crise climatique est étroitement liée à la crise énergétique: là aussi, Albert Rösti sera forcé d’agir. Sa prédécesseure, Simonetta Sommaruga, avait dû revoir sa copie après le rejet par le peuple de la nouvelle loi sur le CO2 en juin 2021. Albert Rösti devra maintenant défendre la loi révisée face au Parlement et, finalement, face au peuple, qui devrait avoir le dernier mot.

Parallèlement, des sujets qui semblent de prime abord secondaires attendent le nouveau conseiller fédéral au DETEC: le rôle de la Poste, les goulets d’étranglement dans le réseau ferroviaire, la loi sur la chasse ou le transfert du trafic alpin de la route vers le rail sont des sujets récurrents. À cela s’ajoutent de nouvelles tentatives de subventionnement des médias.

Et c’est justement dans le domaine des médias que l’UDC pourrait une nouvelle fois mettre son conseiller fédéral dans l’embarras. Albert Rösti devra probablement se battre contre l’initiative qui vise à couper les fonds de la redevance à la SSR.

Élisabeth Baume-Schneider et la crise de l’asile

Élisabeth Baume-Schneider n’est pas mieux lotie. La nouvelle ministre de la Justice a été élue alors que l’Europe est confrontée au plus grand flux de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale. Rien qu’en Suisse, plus de 70’000 Ukrainiens ont déjà obtenu le statut de protection S.

Les chiffres de l’asile régulier sont également en hausse depuis des mois. Pour cette année, le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) s’attend à près de 25’000 demandes d’asile, soit environ 10’000 de plus que l’année précédente. Au printemps, la précédente ministre de la Justice et de l’Asile Karin Keller-Sutter avait mis en place pour la première fois l’Etat-major spécial Asile en raison de la situation exceptionnelle.

La Confédération, les cantons et les communes sont à bout de souffle. La Confédération a dû attribuer temporairement des demandeurs d’asile aux cantons de manière anticipée et a même déjà fait appel à l’armée. Mais le manque de personnel pour encadrer les nombreux réfugiés est un problème que même l’armée ne peut pas résoudre.

Pour la Jurassienne, le plus grand défi ne sera cependant pas la composante organisationnelle de la crise, mais sa composante politique. En tant que socialiste, la nouvelle ministre doit s’attendre à être sous le feu permanent de l’UDC – tout particulièrement en 2023, année d’élections fédérales. Le premier parti de Suisse en a déjà donné un avant-goût: en guise de «cadeau de bienvenue», le parti a lancé une véritable offensive sur l’asile.

D’autres casse-tête attendent la socialiste

Parmi les dossiers importants du Département fédéral de justice et police figure, outre l’asile, la lutte contre la violence domestique et sexuelle. Le nouveau droit pénal en matière sexuelle en fait partie: Élisabeth Baume-Schneider s’est toujours engagée au Conseil des États en faveur de la solution du consentement («Seul un oui est un oui»), actuellement en discussion. Le Conseil fédéral, lui, s’y est toujours opposé.

Un autre sujet sur lequel elle devra se pencher au cours de sa première année de mandat est la création d’un identifiant électronique (E-ID) d’État. Au printemps 2021, les électeurs avaient rejeté la mise en place d’une solution similaire privée.

En tant que ministre de la Justice, Élisabeth Baume-Schneider sera en outre responsable du dossier jurassien du côté de la Confédération. Il s’agit d’accompagner le passage de la commune de Moutier dans le canton du Jura, prévu pour 2026. Les conséquences financières du changement de canton pour le Jura sont toujours un point de discorde. Un sujet d'autant plus brûlant pour la Jurassienne de naissance.

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