Le soir du 2 avril 2018, à Champel (GE), une prostituée en pleurs accuse un client de viol. Le client, policier en congé, est confronté à sa présumée victime dans un poste fermé pour la nuit.
Une transaction financière de 300 francs met fin à l’affaire sur place, la jeune femme renonçant à porter plainte. Les deux policiers, amis et collègues du violeur présumé, sont aujourd’hui sous le coup d’une enquête. Ils n'auraient pas dû classer l’affaire sans suite, révèle un rapport de la police des polices (IGS) que la RTS s'est procuré.
Main-courante maquillée
Le document de 52 pages dénonce de graves dysfonctionnements. Les enquêteurs soulignent l’absence de prise d’initiative, un manque de curiosité face aux accusations et une communication lacunaire avec la hiérarchie.
La confrontation nocturne et la décision de maquiller la main-courante, édulcorant des éléments clés tels que la séquestration présumée, suscitent particulièrement l’inquiétude. Par ailleurs, les deux policiers venus en renfort de leurs collègues ont omis des éléments en rapportant l'affaire à leur hiérarchie, notamment Monica Bonfanti, commandante de la police, et le procureur général Olivier Jornot.
Une enquête aurait dû être lancée
Les avocats des agents incriminés plaident que leurs clients ont agi «au mieux de leur conscience», rapporte la chaîne de service public. Pourtant, le rapport de l’IGS conclut que, même en l’absence de plainte, les faits signalés, comme la séquestration et les violences présumées, auraient dû déclencher une enquête pénale approfondie.
Le policier accusé de viol conteste les faits. Il affirme avoir pris la victime pour une autostoppeuse et nie toute violence. Cependant, les contradictions dans ses déclarations alimentent les soupçons.