Elles sont partout (mais ne servent à rien)
Les vitres de «protection» en plexiglas sont plus nuisibles qu'autre chose

Elles ont envahi restaurants et magasins: les vitres de plexiglas, censées assurer une protection contre le Covid-19 au même titre que le masque, sont partout. Sont-elles vraiment efficaces? Si l'on en croit de récentes études, elles feraient plus de mal que de bien.
Publié: 21.08.2021 à 13:41 heures
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Dernière mise à jour: 21.08.2021 à 15:13 heures
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Depuis l'apparition du Covid-19, difficile d'imaginer une caisse sans protection de plexiglas.
Photo: Keystone
Darija Knezevic, Louise Maksimovic (adaptation)

Que ce soit à la pharmacie, à la caisse du supermarché ou dans les bars, les vitres de protections en plexiglas sont partout depuis le Covid-19 a envahi notre existence. Censées nous protéger des fameuses micro-gouttelettes pleines de virus que nous expulsons dans l’air en parlant, toussant ou éternuant, elles séparent souvent les tables des restaurants, permettant ainsi aux personnes assises de retirer leur masque pour consommer (dans un faux sentiment de sécurité, en réalité).

D’autres matériaux tels que le carton, le liège ou encore des rideaux sont utilisés pour créer des barrières de protection. L’objectif est le même quelle que soit la cloison: stopper la propagation du Covid-19.

Un procédé inutile, voire carrément contre-productif

Le problème, c’est que ces protections artificielles, notamment celles en plexiglas, feraient en réalité plus de mal que de bien. Comme le rapporte le site d’informations en ligne allemand «Focus», un ensemble d’études montre que les surfaces en plastique stimulent la propagation des aérosols. Or, lorsque nous expulsons nos fameuses micro-goutelettes liquides dans l’air, elles s’y mélangent pour former des aérosols (ces particules en suspension dans l’air dix fois plus fines qu’un cheveu, que nous respirons sans même nous en rendre compte).

Or c’est évidemment l’effet inverse que nous recherchons en installant ces disgracieuses et fastidieuses barrières.

Une étude de l’université John-Hopkins montre même que les personnes dont les sièges se trouvent directement à côté de fenêtres en plexiglas présentent un risque accru d’infection. En cause: la stagnation de l’air qui ne peut plus circuler, ou alors très lentement, et ne peut donc pas être renouvelé. Cela crée ce que les scientifiques appellent des «zones mortes», qui sont particulièrement propices aux infections.

Un faux sentiment de sécurité

Dans les espaces fermés bien ventilés, l’air circule en temps normal très rapidement. Il faut environ 15 à 30 minutes pour que l’air d’une pièce soit renouvelé et de nouveau frais. Or, les vitres de séparation peuvent considérablement ralentir ce processus, car les aérosols s’y fixent et restent plus longtemps dans la pièce. Cela augmente alors considérablement la concentration de ces aérosols dans les espaces fermés et augmente ainsi le risque d’infection.

Pour donner un exemple concret, un employé de banque au guichet peut infecter plus rapidement son collègue d’à côté, malgré la barrière de plexiglas qui les sépare.

D’autres études montrent que ces vitres peuvent nous donner un faux sentiment de sécurité en donnant l’impression de nous protéger de toute infection. Cela nous pousserait par conséquent à prendre moins de précautions, ce qui favoriserait les contaminations.

Les seuls cas où ces vitres servent à quelque chose

Même si ces vitres peuvent fixer les aérosols et en augmenter la concentration dans l’air, elles ont quand même le mérite de constituer une barrière indéniable contre les micro-gouttelettes que nous expulsons lorsque nous toussons et éternuons. Elles sont donc utiles sur les présentoirs alimentaires dans les buffets et les boulangeries, par exemple.

Mis à part ces cas précis, les chercheurs s’accordent sur le fait que d’autres mesures sont bien plus efficaces (et beaucoup moins délétères) que ces vitres de «protection» en plexiglas. Parmi elles, ils citent sans surprise le port du masque dans les lieux fermés et la vaccination.


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