Imaginez le choc lorsque cet homme a écouté sa boîte vocale. Une collaboratrice juridique du tribunal cantonal de Schaffhouse y avait laissé un message particulièrement virulent. L'homme avait alors affaire à la justice dans un litige concernant une pension alimentaire pour son fils. «Rappelle-moi, espèce de N****», avait prononcé la collaboratrice du tribunal. Un autre employé de justice était assis dans la pièce et en a témoigné plus tard.
Cette femme avait d'abord été condamnée par le tribunal cantonal, où elle était elle-même employée, à une peine avec sursis de 20 jours-amende à 150 francs pour injure. Mais la Cour suprême de Schaffhouse a ensuite fait preuve de clémence. Elle l'a certes condamnée pour ses propos indiscutablement dégradants, mais l'a exemptée de la peine, comme on peut le lire dans un jugement du Tribunal fédéral.
La personne visée avait répliqué par une insulte
Selon la loi, un tribunal peut suspendre la peine en cas d'injures. Et en effet, l'homme avait tenu des propos désobligeants à l'égard de l'employée: après avoir enregistré le message sur sa messagerie sur un autre appareil à des fins de preuve, il lui a répondu, en laissant également un message vocal, où on peut l'entendre crier qu'il portera plainte contre elle, la traitant de «pute».
Malgré l'étonnante générosité de la Cour suprême de Schaffhouse, la fonctionnaire ne s'en est pas tirée totalement indemne: elle doit payer des frais de justice et des indemnités de près de 9000 francs. Elle a toutefois évité une inscription au casier judiciaire, ce qui n'est pas négligeable pour une employée de justice.