L'Union démocratique du centre (UDC) sait faire feu de tout bois. Sa nouvelle cible: la ministre de la Défense Viola Amherd. Avec son agenda, celle-ci «est devenue un risque pour la sécurité de la Suisse. Elle sape les fondements de notre Suisse sûre, neutre et libre», s'insurge le parti de droite.
Lors de sa traditionnelle réunion à Bad Horn, un hôtel de luxe situé sur les rives du lac de Constance, la direction du parti est donc arrivée à une conclusion sans équivoque: «Démissionnez, Madame la Conseillère fédérale! Et ce le plus rapidement possible! Vous pourriez ainsi rendre au moins un dernier service à la Suisse.»
Chaos au DDPS
Selon l'UDC, trop de choses vont de travers au sein du Département de la défense (DDPS) et de l'armée. La Délégation des finances du Parlement a récemment tiré la sonnette d'alarme, car de plus en plus de projets d'armement sont en difficulté. De quoi apporter de l'eau au moulin de l'UDC.
«Madame Amherd préfère s'occuper des questions de genre dans l'armée plutôt que de l'équipement de l'armée», reproche le parti à la conseillère fédérale. «Ainsi, elle fait livrer à l'Ukraine des armes qui ont été commandées pour la Suisse. Pour l'UDC, ce ne sont clairement pas les bonnes priorités.»
Financement de l'armée peu clair, projets d'armement bâclés, amaigrissement des effectifs de l'armée, rapprochement avec l'OTAN au lieu de préserver la neutralité helvétique, etc. Tant de reproches qu'énumère l'UDC dans un communiqué de presse.
Des témoins à charge
Le traditionnel congrès de l'UDC était encore une fois placé sous le thème de la sécurité. Et pour le parti, la sécurité intérieure et extérieure n'est plus assurée. Il cite entre autres le chef de l'armée Thomas Süssli comme témoin de l'accusation. Celui-ci aurait exigé dans son exposé une armée forte. «L'armée doit à nouveau être crédible et capable de défendre la Suisse. Ce n'est pas le cas aujourd'hui», cite l'UDC dans son communiqué.
Markus Mäder, secrétaire d'Etat à la sécurité, ainsi que l'ancien chef du service de renseignement Jean-Philippe Gaudin, qui aurait dénié à la direction du DDPS la capacité de réagir de manière anticipative aux évolutions et dangers futurs, se sont également manifestés.
«Les bases de la paix et de la prospérité ne sont pas comprises»
Le rapprochement avec l'UE et l'OTAN est bien sûr aussi une épine dans le pied de l'UDC, qui y voit une menace pour la neutralité suisse. «La Suisse n'est plus du tout en mesure de veiller de manière autonome à la sécurité du pays et de sa population. Seul un État souverain peut remplir cette mission, mais le rapprochement avec l'UE met davantage en danger cette souveraineté.»
«Quiconque sape avec autant de légèreté que la conseillère fédérale Amherd la neutralité suisse, qui a préservé notre pays des conflits étrangers pendant plus de deux siècles, n'a pas compris les fondements de la paix et de la prospérité en Suisse», conclut l'UDC.