La peur de mourir seul reste encore ancré dans l'esprit de nos seniors. Lors de la première vague, il y a une année, de nombreuses maisons de retraite étaient fermées. Quant aux visites de la part des familles et des proches, elles n'étaient que très rarement tolérées. L'isolement, tel était le prix à payer pour protéger nos aînés...
Toutefois, certaines maisons de retraites ont tenté de se montrer plus flexibles: «Pendant toute la période du Covid, nous avons trouvé des moyens pour que les proches puissent venir ou pour que certaines familles puissent dire au revoir à leurs aïeux en fin de vie», explique Susanne Furler, directrice de la maison de retraite Marienhaus basée à Bâle. Mais cela n'a pas suffit.
Des lits vides ou un coup dans le budget
Malgré ces efforts, la pandémie a tout-de même laissé quelques traces. Alors que son institution était pratiquement pleine l'année dernière, le taux d'occupation a chuté de six pour cent depuis le début de l'année, ce qui représente une perte d'au moins 190 francs par jour par place inoccupée. La raison: la peur que l'histoire se répète. En effet, la crainte d'une restriction des heures de visite, voire d'une interdiction tout court, dissuadent de nombreuses personnes âgées d'entrer dans une maison, notamment parce que les proches eux-mêmes hésitent.
La Marienhaus n'est pas un cas isolé. C'est ce que montrent les derniers chiffres recueillis par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) et l'organisation faîtière Curaviva. Alors que le taux d'occupation des lits en 2019 - avant la pandémie - s'élevait à 94,57 %, ce chiffre est passé à 88,83 % en février 2021. Une baisse importante, qui pèse sur les budgets des maisons de retraite.
Différences régionales
Ces pourcentages révèlent ainsi les conséquences financières auxquelles les maisons de retraite doivent faire face aujourd'hui. Moins de lits occupés signifie moins de rentrées d'argents. Les foyers ont ainsi perdu un total de 278 millions de francs. A cela s'ajoutent des dépenses supplémentaires pour des mesures de protection, par exemple. Un montant qui s'élève à quelques 107 millions de francs. Le manque à gagner suite à la pandémie s'élève donc à 385 millions de francs au total. Face à ce constat, Curaviva estime que les cantons et les communes devraient se pencher sur la question.
Cependant, toutes les régions suisses ne sont pas touchées de la même manière. «Certaines régions ne sont pas du tout touchées par ce problème», précise Daniel Höchli, directeur de Curaviva Suisse. «A Saint-Gall par exemple, le taux d'occupation varie fréquemment», indique Brigitta Kuratli, porte-parole de Curaviva du canton.
La vaccination: une solution?
Les chiffres montrent également que la mortalité n'a pas augmenté de façon brutale dans les maisons de retraite. «Le pourcentage de décès durant la période du Covid s'élève à 49% alors qu'on est à 44% lors d'une années normale», signale Curviva. De plus, la grande majorité des proches se disent très satisfaits du travail menés par ce institutions pendant la pandémie.
Reste à savoir si la situation va s'améliorer grâce au vaccin. «Au fur et à mesure que le vaccin a fait son chemin, la situation a commencé à se stabiliser. Actuellement, 5,5 % des lits disponibles pourraient être réoccupés», déclare Tony Broghammer, président de la Gemeinschaft Solothurnischer Alters und Pflegeheime (GSA). Cependant, il n'est pas encore possible d'estimer si la tendance pourrait s'inverser au niveau national.