L'entreprise allemande Curevac, qui fabrique le vaccin éponyme, a subi un sérieux revers. Les récents tests préliminaires montrent que son vaccin ne serait efficace qu'à 47% contre le Covid-19 et ses variants.
Avec un taux d’efficacité aussi faible, le vaccin ne répond pas aux «critères statistiques prédéfinis» pour estimer que le vaccin est fiable, a expliqué Curevac. Franz-Werner Haas, le PDG de la société, a tout de même précisé qu’avec des analyses plus poussées, l’efficacité globale de la formule du vaccin serait encore amenée à varier.
La Suisse a déjà passé commande
Cet échec des tests sur le vaccin allemand concerne directement la Suisse. Après avoir autorisé les vaccins Pzifer et Moderna, une demande d’autorisation est en cours auprès de SwissMedic pour administrer Curevac. Voilà ce qu’a répondu l’Institut lorsque Blick l’a interrogé au sujet de ces résultats: «Swissmedic examine les demandes de vaccins dans le cadre d’une procédure continue. La durée de l’évaluation continue dépend de l’exhaustivité des données soumises et des résultats des essais cliniques.»
En d’autres termes, l’Institut suisse des produits thérapeutiques continue d’examiner les données et évalue actuellement les résultats intermédiaires de Curevac. SwissMedic ajoute: «En fonction de la qualité et du moment de la soumission des données, Swissmedic peut (comme pour les autorisations de mise sur le marché précédentes) prendre une décision très rapidement dans le cadre de l’évaluation continue.» L’Institut assure être en contact avec Curevac concernant la demande d’autorisation du vaccin.
Mais le problème c’est que la Suisse a déjà obtenu et commandé 5 millions de doses de Curevac avant même d’obtenir l’autorisation de SwissMedic. C’est l’OFSP qui devra décider de l’avenir de toutes ces doses. Mais plusieurs questions se posent… La commande peut-elle être annulée? La Suisse s’est-elle octroyé un droit de retrait dans de tels cas? Le pays devra-t-il payer les doses de vaccin à Curevac quoi qu'il arrive?
Pas encore de Curevac dans les stocks de l’armée
L’OFSP fait profil bas. Interrogée par Blick, sa porte-parole Masha Foursova déclare: «Les détails du contrat entre les partenaires contractuels sont confidentiels». «L’homologation de Curevac par Swissmedic n’est pas disponible pour le moment. Par conséquent, il n’y a actuellement aucune dose de vaccin Curevac dans les stocks de l’armée», a poursuivi Masha Foursova.
Ce que l’on sait aujourd’hui c’est que l’OFSP examine actuellement, sur mandat du Conseil fédéral, le transfert d’une quantité partielle des doses de vaccin commandées à Astrazeneca vers l’initiative internationale de vaccination COVAX.
La vaccination avec Curevac en juillet est peu probable
Il est désormais peu probable que les vaccinations avec ce vaccin commencent en juillet, comme le suggérait la «NZZ am Sonntag» à la mi-mai. «Les experts espèrent que Curevac accélérera la campagne de vaccination», poursuivait le rapport à l’époque. En réponse, Swissmedic a déclaré: «Le calendrier d’autorisation n’est pas déterminé par les rapports des médias, mais dans une large mesure par le demandeur.» Swissmedic n’a indiqué aucune date d’autorisation possible de Curevac à Blick.
Des retards dans le calendrier
La société pharmaceutique basée à Tübingen a déjà pris du retard dans l’homologation du vaccin. Curevac avait pour objectif d’obtenir l’approbation de l’Agence européenne des médicaments (EMA) au cours du deuxième trimestre. La raison de ces retards est que la société a eu besoin de plus de temps que prévu pour rassembler suffisamment de personnes infectées par le Covid-19 pour ses tests finaux.
Selon un rapport des médias, le médicament Curevac n’est plus prévu pour la campagne de vaccination actuelle en Allemagne. C’est ce qu’a déclaré le ministre fédéral de la Santé Jens Spahn (CDU) la semaine dernière à ses homologues des Länder lors de la dernière conférence ministérielle, rapporte le «Mannheimer Morgen». Le ministre aurait également exprimé sa grande déception.
Le PDG de Curevac espérait des «résultats plus solides» pour le vaccin produit à Tübingen. Il a cependant déclaré que sa société avait reconnu qu’avec la «nombre sans précédent» de variants, il aurait été difficile d’atteindre une efficacité élevée.
Curevac poursuit ses essais
Selon Curevac, environ 40’000 sujets dans dix pays d’Europe et d’Amérique latine ont participé à l’essai dit de phase 2b/3. Pour l'analyse intermédiaire, 134 personnes infectées ont été examinées. Des échantillons biologiques de 124 d’entre elles ont été séquencés pour identifier les variants du virus à l’origine des infections. Au moins 13 variants différents ont été identifiés et une seule personne était infectée par la forme originale du virus Sars-CoV-2, selon Curevac.
«Nous poursuivons l’étude jusqu’à l’analyse finale avec au moins 80 cas supplémentaires», a annoncé Franz-Herbert Haas. Curevac a déclaré avoir déjà soumis les données disponibles de l’étude à l’EMA.
Un vaccin plus «pratique» à utiliser
Comme la société BioNTech, basée à Mayence, Curevac utilise un vaccin moderne à ARNm.
Toutefois, Curevac estime que sa préparation présente de nets avantages par rapport aux vaccins utilisés actuellement contre le Covid-19. Contrairement aux vaccins Pfizer et Moderna qui doivent être conservés à des températures très basses, le Curevac peut être stocké à température ambiante. En outre, le médicament Curevac peut être utilisé à des doses plus faibles que les autres vaccins. L’Union européenne en a pré-commandé près de 405 millions de doses. (uro/SDA)