Chaque accident montagne amène avec lui son lot de questions: que s'est-il passé? Comment aurait-il pu être évité?
Ce week-end, deux jeunes femmes italiennes sont mortes de froid dans le massif du Mont-Rose. Paola V.*, enseignante au Tessin, et ses amis Martina S.* et Valerio Z.* ont pris le téléphérique de Gressoney, avec pour objectif d'atteindre la pyramide de Vincent. Après une ascension de près de 800 mètres de dénivelé, le temps change et le groupe est pris dans une tempête de neige. Il se retrouve bloqué sur la pente du glacier.
Les secours n'arrivent que quelques heures plus tard. Les femmes meurent de froid, l'homme survit avec des gelures aux mains selon des informations de Blick.
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Le bureau du procureur général italien a ouvert une enquête pour déterminer les raisons du drame, qui interroge au vu du niveau d'expérience des alpinistes. Les corps des deux femmes d'origine italienne seront conservés à la morgue du cimetière jusqu'à ce que la cause exacte du décès soit confirmée par le médecin-légiste.
Les guides de montagne mettent en garde
Pour le guide de montagne valaisan Anjan Truffer, la tragédie aurait pu être évitée. «Le brouillard, les chutes de neige, les tempêtes ne sont pas rares en montagne. Il y a des changements de temps», explique à Blick le responsable du secours en montagne de Zermatt. «Les prévisions des météorologues sont aujourd'hui très précises. Ils peuvent être appelées à tout moment via un smartphone. Le bulletin météo a manifestement été ignoré ici!»
L'alpiniste ajoute que l'équipement joue un rôle capital dans les excursions à cette altitude. «Un sac de bivouac ou des vêtements en duvet, voire des boissons chaudes dans un thermos, peuvent protéger contre une vague de froid soudaine». Mais Anjan Truffer observe également un engouement croissant pour des pratiques alpines extrême: «Tout doit aller le plus vite possible. L'équipement est réduit et devient de plus en plus léger. Lorsque ça se combine avec un manque d'expérience, des situations dangereuses peuvent survenir.»
Le tour du groupe n'était pas particulièrement exigeant sur le plan technique selon Robert Bösch, guide de montagne zurichois et photographe de montagne renommé. «Mais des changements de temps peuvent être dangereux peu importe l'itinéraire. Dans ce cas, tenir un horaire strict est le meilleur moyen de rentrer à temps», explique à Blick le guide de montagne zurichois et photographe de montagne renommé.
Au Mont-Rose, l'orage aurait provoqué des chutes de température spectaculaires ce week-end. «Dans la neige, avec la tempête et le brouillard, tout n'est que blanc», explique le guide de montagne. «On ne peut même plus voir si ça monte ou descend.» Il invite donc les alpinistes à toujours se munir d'une boussole, d'un GPS et d'une carte même s'il fait beau, car la montagne est traître.
Le manque d'équipement est peut-être la cause du drame
Une hypothèse qui expliquerait le drame du week-end dernier serait justement le manque d'équipement. Lorsque Valerio Z. a alerté les secours en montagne samedi vers 14h30, l'Italien a donné des informations erronées sur la localisation du groupe, ce qui a donné du fil à retordre aux sauveteurs. «Dans le jour blanc, vous êtes perturbés. Il faut immédiatement sortir de la tempête», déclare l'alpiniste italien légendaire Reinhold Messner à «La Stampa». «Pour ce faire, vous devez avoir de l'expérience et une bonne connaissance de la montagne. Et des nerfs d'acier.» Messner poursuit : «La panique paralyse. Il ne faut jamais l'oublier: chaque montagne est comme la lune. Elle a aussi une face cachée.»
* Noms connus de la rédaction