Paola V.*, enseignante de biologie à Bellinzone (TI) et Martina S.*, originaire du val d’Ossola en Italie, aimaient la montagne et la randonnée plus que tout. Le semi-confinement suisse et le confinement italien ont malheureusement empêché les deux amies de s’adonner à leur passion pendant de longs mois. L’amélioration de la situation sanitaire leur a permis d’enfiler à nouveau leurs chaussures de marche et prendre leurs sacs à dos pour recommencer à randonner ensemble. Dans le dernier message que Paola V. publie sur Facebook, elle raconte leur joie retrouvée: «Nous allons enfin pouvoir nous retrouver et nous enlacer dans nos montagnes.» Une dernière photo. Deux femmes au visage rayonnant. Bien loin encore de la tragédie qui les attend.
Le samedi matin, les jeunes femmes prennent le téléphérique de Gressoney à Punta Indren en Italie. Un ami, Valerio Z.* (27 ans), les accompagne, et tous trois veulent s’attaquer au Balmenhorn (4167 m). Il fait encore beau sur le massif du Mont Rose.
Mais des nuages sombres commencent alors à s’amonceler. Un vent glacial se met à siffler sur le flanc de la montagne. Les températures chutent brusquement à -15 °C. «En cinq minutes, nous nous sommes retrouvés au cœur d’une tempête», racontera plus tard le survivant Valerio Z. à «La Stampa».
17 sauveteurs mobilisés
Les trois randonneurs se retrouvent coincés au sommet de la Pyramide Vincent à 4200 mètres. Il est 14h30. Valerio Z. utilise son téléphone portable pour appeler une équipe de secours, mais la connexion lâche. L’appel a duré suffisamment longtemps pour que les équipes de secours comprennent que trois personnes sont en détresse, mais elles ne savent pas où. Un hélicoptère survole la zone et finit par apercevoir le groupe. Mais à cause de la tempête, il ne peut pas se poser et doit faire demi-tour.
L’équipe de secours en montagne de la Vallée d'Aoste amène ses hommes au refuge de Mantoue (3498 m). De là, 17 hommes partent à pied vers le sommet. Leur périple dure plusieurs heures, un temps très long dont se souvient Valerio Z: «J’ai fini par enlever mes gants pour les donner à l’une des femmes.»
Transportées sur des civières
Il est 21 heures quand les secours arrivent. «Mes hommes ont transporté les deux femmes sur des civières», explique le commandant des opérations, Paolo Comune. Ce n’est qu’après 23 heures que l’équipe arrive au refuge de Mantoue. Valerio Z. a les deux mains gelées, mais il peut encore marcher. L’Italien est transporté par un hélicoptère d’Air Zermatt vers l’hôpital suisse le plus proche.
Les deux femmes, elles, ne bougeaient déjà plus et étaient en hypothermie. «Leur cœur avait cessé de battre», a déclaré Paolo Comune. «Nous avons dû improviser.» Des bouteilles d’eau en PET ont été vidées et remplies d’eau chaude. «Nous les avons mises autour des corps sans vie et avons enveloppé les femmes dans des couvertures», poursuit le commandant des sauveteurs, ajoutant: «Nous avons également essayé de les réanimer à l’aide du défibrillateur.» Pendant plus de deux heures, les sauveteurs ont lutté pour ramener les deux femmes à la vie. Mais ni les massages cardio-pulmonaires ni les manœuvres pour réchauffer les corps n’ont réussi à sauver Martina S. et Paola V.
*Noms connus de la rédaction