«Double standard scandaleux» et pratique «colonialiste»
Nestlé est épinglé par une ONG pour ses produits beaucoup plus sucrés dans les pays pauvres

Une nouvelle étude de Public Eye sur les aliments pour bébé du géant de l'agroalimentaire suisse Nestlé fait mouche. Les principales marques d'alimentation pour bébé contiennent des taux élevés de sucre ajouté, et ce uniquement dans les pays à faibles revenus.
Publié: 17.04.2024 à 13:10 heures
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Dernière mise à jour: 17.04.2024 à 14:08 heures
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En Amérique du Sud, en Afrique ou encore en Asie, près de 4 grammes de sucre sont ajoutés par portion du même produit en moyenne, soit environ un carré de sucre par portion. (Image symbolique)
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Lara DiserensJournaliste Blick

«Comment Nestlé rend les enfants accros au sucre dans les pays à revenu plus faible»: c'est ainsi qu'est introduite la nouvelle étude de Public Eye sur les aliments pour bébé du géant de l'agroalimentaire suisse. Et les constats sont accablants. Les deux principales marques d'alimentation pour bébé Cerelac et Nido contiennent des taux élevés de sucre ajouté dans les pays pauvres, indique l'ONG dans un communiqué.

Taux de sucre différent en Europe

En Suisse et sur les principaux marchés européens, ces produits, destinés aux bébés dès six mois, ne contiennent aucun sucre ajouté. Mais en Amérique du Sud, en Afrique ou encore en Asie, la réalité est tout autre: près de 4 grammes de sucre sont ajoutés par portion du même produit en moyenne, soit environ un carré de sucre. C'est aux Philippines que la quantité la plus élevée a été détectée, soit 7,3 grammes par portion dans un produit destiné à des bébés de 6 mois.

Un «double standard scandaleux»

Pendant que le leader de la nutrition infantile promeut des produits «sains et essentiels au développement des enfants» et recommande «d’éviter les aliments pour bébés qui contiennent du sucre ajouté», cela ne l'empêche pas de vendre des céréales ultra-sucrées à des nourrissons et des enfants en bas âges dans les pays à bas revenus.

Un «double standard scandaleux» dénoncé par Public Eye, qui accuse Nestlé de se servir de «la faiblesse des réglementations en vigueur pour continuer à vendre de tels produits dans les pays à plus bas revenu». L'ONG pointe également du doigt les démarches marketing trompeuses et «agressives» de la multinationale, 50 ans après le scandale du lait en poudre «tueurs de bébés» et quelques mois après celui de ses eaux contaminées.

Les experts dénoncent une pratique «colonialiste» et «problématique d’un point de vue éthique et de santé publique, en particulier au regard de l’épidémie d’obésité dont sont victimes les pays à plus faible revenu», peut-on lire dans le communiqué. L'OMS rappelle en outre les dangers du sucre pour le corps et le développement humain, en particulier concernant l'obésité et autres maladies chroniques.

Pétition lancée

Une pétition a été lancée le 17 avril – à la veille de l'assemblée générale du géant suisse – pour que Nestlé «renonce immédiatement à l’ajout de sucre dans son assortiment destiné aux enfants de moins de trois ans, partout dans le monde». Le géant de l’agroalimentaire contrôle actuellement 20% du marché des aliments pour bébés, estimé à environ 70 milliards de dollars, rappelle l'ONG.

L'étude a été réalisée par l'association suisse Public Eye, en collaboration avec le Réseau international d’action pour l’alimentation infantile (IBFAN). L'ONG œuvre contre «les injustices qui trouvent leur origine en Suisse» et dans le monde et demande le respect des droits humain. Elle vise aussi à améliorer les relations politiques et économiques entre les pays en développement et la Suisse.

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