Seule une petite bougie placée devant la porte de l’appartement permet de savoir quel destin tragique a frappé l’homme qui vivait ici. Lundi, David M.*, 41 ans, a été abattu dans les murs de son entreprise. Il est l’une des deux victimes du double meurtre de Sion.
Chez ses voisins, la consternation est grande. L’un se confie à Blick, ému: «Le choc de la mort de David est profond. Il a été arraché à la vie, comme ça. Le matin, il allait au travail comme d’habitude. Maintenant, il est mort.» Ce retraité a du mal à croire que cet homme, qui vivait à côté de chez lui depuis dix ans, ne rentrera plus jamais à la maison.
Pour mémoire, David M. est la deuxième victime du tireur valaisan. Le crime a tenu en haleine tout le canton lundi. Dans un premier temps, le tueur tire sur Tara C.*, 34 ans, peu après 7h, sur un parking. La femme décède peu de temps après.
Le tueur se rend ensuite dans une entreprise de peinture proche, où il travaillait autrefois. Là, il abat avec une arme à feu David M. et ouvre le feu sur une autre femme. Cette dernière survit. David M., quant à lui, succombe à ses blessures. Le tireur prend la fuite et après une chasse à l’homme de huit heures, des policiers l’arrêtent à Saint-Léonard (VS).
Déjà victime d’un coup du sort
Fait particulièrement tragique: David M. avait déjà failli perdre la vie auparavant. Il y a de nombreuses années, il avait été victime d’un accident si grave qu’il avait dû être amputé d’une jambe. «Comme cela lui était arrivé, il m’a toujours conseillé d’être prudent», raconte à Blick Michel*, 20 ans. Ce dernier est, lui aussi, un voisin de David M. «Qu’il lui soit arrivé un si grand malheur me rend incroyablement triste», s’émeut le jeune homme qui le côtoyait depuis 2013.
Avec la mort de David M., l’immeuble perd un voisin au grand cœur, aimant et serviable, s’accordent à dire Michel et Serge. «Quand j’étais enfant et que j’oubliais la clé de la maison, David me laissait lire des BD dans son appartement jusqu’à ce que mes parents rentrent», se souvient le vingtenaire, qui enchaîne: «David était un voisin formidable, comme on peut en rêver». Mais aujourd’hui, ce sont des souvenirs douloureux.
La mère de la victime parle à Blick
Les jours et les heures actuels sont également difficiles pour les membres de la famille de Tara C.*, cette Valaisanne d’origine bosniaque, la première des victimes. Blick a pu s’entretenir avec certains de ses proches au lendemain de la tuerie.
La mère de la jeune femme décédée nous ouvre la porte de son appartement à Sion, en larmes. Elle balbutie: «Oui, c’était bien ma fille. Je ne sais rien de plus que vous pour le moment, je ne comprends pas comment ç'a pu arriver… Je ne suis pas en état de discuter plus que cela, désolée.»
Le cousin de la jeune femme abattue, Adem C.*, habite proche du lieu où David M. a été tué par le même homme. Il dit avoir entendu les tirs: «Ça m’a réveillé». Lui aussi attend toujours le rapport de la police. Mais il accepte de nous parler un peu de Tara. «Lorsque mon père m’a appris sa mort hier, je ne voulais pas y croire. Nous étions proches, mais nous ne nous étions pas revus depuis des mois, malheureusement. Chacun avait sa vie à gérer…»
«Un type qui la traquait»
Le jeune homme se souvient: «C’était une femme très joyeuse et ouverte d’esprit. Elle venait d’emménager dans un nouvel appartement avec son compagnon ce printemps. Ça faisait des années qu’ils étaient ensemble. Elle ne nous a jamais parlé de son tueur».
Nous avons également pu parler avec Antoine*, un camarade d’études de Tara C. La jeune femme suivait en effet une formation continue dans le domaine de la finance depuis 2021, dans le canton de Vaud.
Antoine, qui suit les mêmes cours, confie à Blick, la voix tremblante: «Il y a deux semaines encore, nous révisions ensemble à Leysin (VD)… Elle était fiancée à son copain depuis peu. Elle avait l’air heureuse..»
Tara aurait déjà évoqué son assaillant en sa présence, d’après les dires d’Antoine: «Une fois, il y a environ un an, pendant un repas de midi, elle parlait d’un type qui la traquait. Sur les réseaux sociaux, mais pas que. Il serait déjà venu en bas de chez elle, aussi, par exemple. Elle avait pris de mesures légales pour l’éloigner. Je m’étais dit que ça l’avait forcément calmé. Apparemment, ce ne fut pas le cas.»
* Pseudonymes, identités connues de la rédaction