Samedi, à 13 heures, la police a marqué sa présence partout dans la commune d'Einsiedeln. Les agents ont contrôlé les automobilistes portant une plaque d'immatriculation d'un autre canton aux abords des routes d'accès et leur ont demandé ce qu'ils venaient faire là. Des agents en civil ont aussi contrôlé plusieurs personnes à la gare. Ainsi, des jeunes hommes ont été contrôlés, fouillés et emmenés au poste.
La raison de ce défilé des forces de l'ordre est la manifestation autorisée «Contre le virage à droite», ou plutôt la contre-manifestation annoncée, et non autorisée, à laquelle Nicolas Rimoldi, leader du mouvement complotiste Mass-Voll!, a appelé.
50 personnes annoncées, 250 venues
Les participants à la manifestation autorisée souhaitaient marquer leur opposition à l'AfD, parti politique allemand ouvertement d'extrême droite, à Einsiedeln, lieu de résidence suisse de sa candidate à la chancellerie, Alice Weidel. La manifestation s'inscrit dans le cadre des grandes protestations anti-AfD en Allemagne: ce dimanche, le Bundestag sera renouvelé dans le pays voisin et l'AfD de Weidel risque d'y obtenir un bon résultat.
Les organisatrices de la manifestation anti-AfD à Einsiedeln ont annoncé 50 personnes aux autorités schwytzoises – elles étaient finalement 250. Lorsqu'elles se sont rassemblées à 14h sur la place de la ville, presque autant de personnes se sont formées de l'autre côté de la rue pour une contre-manifestation non autorisée, et ce, bien que la police cantonale ait indiqué avoir déjà écarté de nombreux contre-manifestants. Elle avait refusé la demande d'autorisation de la contre-manifestation en raison de problèmes de sécurité.
Mais pourquoi la demande d'autorisation de cette contre-manifestation a été refusée? La suite l'a très bien montré: alors que les participants à la manifestation anti-AfD ont commencé à scander «Nazis raus» ("Nazis, dehors!") ou encore «Gegen den Faschismus» ("Nous sommes contre le fascisme"), les policiers ont dû rapidement les protéger, car les contre-manifestants ont commencé à se montrer très agressifs. Plusieurs projectiles, dont des canettes de bière, ont été lancés.
Le gourou de Mass-Voll! n'a rien vu
Malgré l'intervention des forces de l'ordre, les contre-manifestants ont couvert le cortège de cris, de sifflets et d'insultes. Face à cette opposition, la co-organisatrice Laura Fuchs a su garder la tête haute : «Nous étions nombreux, nous étions bruyants, nous étions colorés et nous étions pacifiques!», a-t-elle résumé.
Nicolas Rimoldi, en revanche, n'a pas pu voir ça de ses propres yeux: l'organisateur de la contre-manifestation non autorisée a été intercepté par les agents avant d'atteindre le point de rencontre au centre d'Einsiedeln. Encerclé et emmené par la police, il s'est plaint plus tard à Blick d'avoir été arrêté. La police a déclaré avoir placé en tout cinq contre-manifestants en garde à vue.