Bagarres en pleine rue, barricades et incendies
L'extrême gauche réagit brutalement à la montée de l'AfD

En Allemagne, la gauche radicale s'est réveillée, saccageant notamment les bureaux de la CDU pour son rapprochement évident avec l'extrême droite. Pour l'historien Klaus Schroeder, les grands partis de gauche devraient prendre leurs distances avec cet extrémisme.
Publié: 07.02.2025 à 17:21 heures
1/2
Des militants communistes cagoulés lors d'une manifestation traversent le centre-ville de Francfort. (Image d'archive)
Photo: KEYSTONE
RMS_Portrait_AUTOR_242.JPG
Guido Felder

L'Allemagne est en ébullition. Le député du Bundestag Friedrich Merz, membre de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU), a récemment flirté avec l'AfD, brisant ainsi un tabou historique. Ce rapprochement clair avec l'extrême droite a déclenché une vague de haine à l'autre bout de l'échiquier politique. Depuis, des militants de gauche radicale ont saccagé à plusieurs reprises les bureaux de la CDU et attaqué des meetings du parti ainsi que des membres de la campagne électorale. Par peur des attaques, les policiers ont formé un mur de protection en public autour de Friedrich Merz.

Jeudi, la Cour fédérale de justice s'est penchée sur le cas de Lina E., condamnée en 2023 à cinq ans et trois mois de prison pour «violence» contre l'extrême droite et aujourd'hui considérée comme une martyre au sein de son cercle militant. Les dernières statistiques de l'Office allemand de protection de la Constitution, datant de 2023, montre en outre que les délits motivés par l'extrémisme de gauche sont passés de 3847 à 4248 en un an. Les incendies criminels, en particulier, ont connu une hausse massive et il en va de même pour la violence envers la police.

Mais tout comme l'extrémisme de gauche, l'extrémisme de droite a également augmenté, et dans une autre proportion: le nombre de délits est passé de 20'967 à 25'660. Ce chiffre très élevé comprend environ 15'000 «délits de propagande», durant lesquels le cri «Heil Hitler» a été scandé et le salut hitlérien exécuté.

«Ils ne reconnaissent pas l'existence de l'extrémisme de gauche»

Pour Klaus Schroeder, historien et chercheur sur l'extrémisme à l'Université de Berlin, il est clair que les extrémistes de gauche s'infiltrent de plus en plus dans les partis établis. Le parti Die Linke, qui a ses racines en RDA, est connu pour cela. Selon Klaus Schroeder, la tendance est également à la hausse chez les jeunes partis Juso et Grüne Jugend.

«Ces personnes ne reconnaissent pas l'existence même de l'extrémisme de gauche». L'historien fonde son affirmation sur l'observation que lors de manifestations, contre l'AfD ou pour le climat, certains militants de ces jeunes partis se sont battus au corps-à-corps avec des individus néo-nazis, ont érigé des barricades ou ont démarré des incendies.

Klaus Schroeder s'agace que l'Etat ne lutte pas plus résolument contre l'extrémisme de gauche. Il estime que la protection de l'Etat intervient rapidement dans le cas de l'extrémisme de droite, alors qu'à l'inverse, elle se contente souvent de promettre d'examiner le cas et le laisse ensuite prendre la poussière.

Selon l'historien, l'extrémisme de gauche est tout aussi dangereux que l'extrémisme de droite. En outre, il demande que «les grands partis de gauche, comme le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) et Alliance 90/Les Verts devraient impérativement se démarquer de ces extrémistes!»

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la