Disparition des magasins Migros, Depot ou Body Shop
En Suisse, l'équivalent de 54 terrains de football de surface commerciale sont vides

Le commerce de détail suisse connaît actuellement un exode massif. Outre les filiales de Migros, Weltbild et The Body Shop ferment aussi leurs portes. Que va-t-il advenir de ces nombreuses surfaces vidées de leurs commerces?
Publié: 15:53 heures
1/6
Presque chaque semaine, une autre entreprise annonce son retrait de Suisse et liquide des magasins. (Image prétexte)
Photo: Shutterstock
Dorothea_Vollenweider_Redaktorin Wirtschaft_Ringier_3-Bearbeitet.jpg
Dorothea Vollenweider

Les fermetures de magasins bouleversent les villes et les agglomérations suisses: presque chaque semaine, une nouvelle entreprise annonce son retrait de Suisse, liquide des magasins et baisse définitivement ses stores. Au début de l'année, Weltbild a mis fin à ses ventes de liquidation et 34 magasins Depot ont fermé définitivement. La chaîne britannique de magasins de cosmétiques The Body Shop fermera également ses 33 magasins suisses à la fin du mois de mai.

Ce n'est pas tout: outre la disparition des magasins Melectronics et SportX, 31 autres magasins de bricolage Do-it fermeront en Suisse d'ici fin juin 2025. Qu'adviendra-t-il de ces surfaces commerciales après cet exode du commerce de détail? Les centres commerciaux et les sites périphériques seront-ils bientôt vides ou de nouveaux fournisseurs s'arracheront-ils ces surfaces?

54 terrains de football de surface commerciale

Actuellement, la plateforme de placement Immoscout24 propose au total 1600 locaux commerciaux dans toute la Suisse. Cela représente 384'000 mètres carrés de surfaces commerciales libres, soit l'équivalent de 54 terrains de football. 

C'est ce que montre une évaluation exclusive du Swiss Marketplace Group (SMG), auquel participe par ailleurs le groupe Ringier, éditeur de Blick. L'Eldorado se trouve actuellement à Lausanne, où 22'000 mètres carrés de surfaces commerciales sont libres. Bienne arrive en deuxième position avec 12'500 mètres carrés, puis Zurich avec 10'000 mètres carrés.

«Nous n'avons certes pas constaté d'augmentation récemment, déclare Sebastian Sinemus, porte-parole de la SMG. Mais il est encore un peu tôt pour constater l'effet des fermetures actuelles et futures. Il faut en outre tenir compte du fait que sur un total de 1600 locaux commerciaux mis au concours, la fermeture d'un ou de plusieurs magasins ne pèse pas directement dans la balance.»

Des surfaces très convoitées

C'est justement dans les rues commerçantes des centres-villes que les surfaces ne devraient pas rester vides longtemps. Selon la société américaine de conseil immobilier Jones Lang LaSalle (JLL), il y a suffisamment de demande de la part d'autres entreprises. «Sur de tels sites de premier choix, il n'y a pratiquement pas de locaux vacants et la disposition à payer a récemment augmenté», explique Daniel Stocker, responsable de la recherche chez JLL.

«
J'ai déjà observé que des sociétés d'assureurs et plusieurs caisses maladie utilisent ces emplacements pour améliorer l'accès à la clientèle
Daniel Stocker, responsable de la recherche chez JLL
»

L'utilisation de ces surfaces vides peut être très variée. «J'ai déjà observé que des sociétés d'assureurs et plusieurs caisses maladie utilisent ces emplacements pour améliorer l'accès à la clientèle», poursuit Daniel Stocker. De nouveaux restaurants à la mode tentent eux aussi de profiter de la fréquentation piétonne. 

«En outre, il y a actuellement aussi quelques nouveaux fournisseurs qui souhaitent ouvrir des magasins en Suisse». Le fournisseur à bas prix Action, par exemple, cherche des locaux et du personnel sur le territoire. La droguerie Müller compte aussi continuer à s'étendre. «Le groupe allemand a en effet l'intention d'ouvrir cette année neuf nouveaux sites dans des emplacements de premier choix ou dans des centres commerciaux», précise l'expert.

En périphérie, c'est une autre histoire

Pour les marchés situés en périphérie, la situation est moins rose. Les magasins y ferment généralement parce qu'ils n'ont pas été assez fréquentés ou qu'ils n'ont pas généré assez de chiffre d'affaires. «Ce risque y est probablement beaucoup plus élevé et les surfaces sont bien plus difficiles à louer», explique Daniel Stocker.

Lors d'une fermeture, la relocalisation est une tâche difficile. «Les propriétaires doivent décider combien de temps ils peuvent se permettre de laisser un local vide», explique l'expert. Selon lui, ceux qui ne veulent pas de logements vacants doivent tout simplement réduire les loyers. «Cela aurait alors une influence négative sur l'évaluation des biens immobiliers», ajoute-t-il. De plus, des loyers plus bas ne sont pas toujours une solution miracle contre les logements vacants.

Ces surfaces commerciales deviennent rarement des espaces d'habitation, dont la Suisse manque pourtant cruellement. La raison? Des restrictions concernant les types de zones, la qualité des bâtiments ou encore les émissions sonores. Si de telles surfaces devaient être réaffectées, ce serait plutôt pour des entrepôts.

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la