Quand il s'agit de conjurer la pénurie de logements en Suisse pour trouver un nouvel appartement, certaines personnes font preuve d'une créativité sans limites. Ce que plusieurs gérances confirment: «Chez nous, environ 10% des candidats se donnent vraiment du mal et constituent un beau dossier de candidature», déclare Markus Nussbaum, directeur de Seitzmeir Immobilien.
L'agent immobilier raconte que pour les biens particulièrement bon marché – et donc très recherchés –, certains vont parfois jusqu'à verser un pot-de-vin... original: «Dans de très rares cas, il arrive qu'une candidature soit accompagnée d'une boîte de chocolats ou d'une tablette de chocolat. Cependant, notre directive interne stipule très clairement qu'il ne faut pas accepter de cadeaux.»
Sur la pénurie de logements
Photos et visites de la famille
Mais rechercher un logement peut aussi être nettement moins angoissant, assure Fabian Halmer. Ce membre de la direction de Holinger Moll Immobilien a, lui aussi, déjà vu plusieurs candidats tenter de soudoyer la gérance. «Pour les appartements très convoités, les gens passent parfois au bureau avec toute la famille et joignent des photos à la lettre d'accompagnement. Ils essayent par tous les moyens de toucher la corde émotionnelle.»
En revanche, il n'a jamais été confronté à des tentatives de corruption: «Je trouverais cela extrêmement délicat et les collaborateurs ne devraient pas non plus l'accepter», déclare Fabian Halmer.
Chez Steve Hess, il y a actuellement plus de 400 demandes de logement sur la table: «Parmi ces dossiers, environ 3% sont créatifs et contiennent une lettre de motivation avec photo», explique le directeur d'Anker Immobilien. Ce qui peut s'avérer être un choix gagnant: «Cela décuple leurs chances. C'est comme pour une candidature d'emploi. On veut se présenter sous son meilleur profil.»
Certains candidats vont parfois plus loin
Mais Steve Hess est aussi confronté de temps en temps à des situations burlesques: «Certains me proposent par exemple froidement de l'argent. Un jour, le père d'un étudiant a voulu me soudoyer avec deux ou trois mois de loyer. Comme si nous pouvions nous permettre d'être corruptibles.»
D'autres apportent une bouteille de vin ou un paquet de chocolats: «Je refuse toujours, mais avec gratitude», rigole Steve Hess. Récemment, une jeune femme s'est toutefois montré insistante: «Lorsque je suis arrivé au bureau le lendemain, elle avait redéposé le paquet de chocolats.»
Et puis il y a le registre dramatique: «Lors d'une visite groupée, dix personnes sont venues me dire que sans l'appartement, elles se retrouveraient à la rue dans une semaine», se souvient ainsi Steve Hess.