Pour s'éloigner de la foule agglutinée sur le quai et d'éviter être bousculées, quatre adolescentes étaient montées dans un wagon de première classe pour ensuite prendre place en deuxième classe. Mais ce stratagème n'a pas plu aux contrôleurs CFF, qui leur ont infligé une amende de 70 francs chacune.
Leur histoire n'est pas un cas isolé. L'année dernière, les CFF ont amendé dans toute la Suisse 10'900 voyageurs qui auraient eu le malheur de se trouver dans «la mauvaise classe», comme ces adolescentes. Cela correspond à 30 cas par jour! Avec des amendes s'élevant à 70 francs en moyenne, le coût total des amendes atteint environ 763'000 francs annuels.
Une augmentation de 9%
Les CFF ne sont pas les seuls à infliger des amendes, d'autres entreprises de transports publics le font aussi. Selon les chiffres de l'organisation des transports publics Alliance Swisspass, plus de 758'000 passagers ont été amendés l'année dernière pour «circulation sans billet valable». Montant par infraction: 90 francs.
En moyenne, les entreprises de transports publics ont surpris chaque jour 2740 passagers sans ticket de transportable valable – ou partiellement valable – lors d'un trajet en Suisse. Cette moyenne provient des données d'Alliance Swisspass. Selon sa porte-parole Michaela Ruoss, approximativement un million d'amendes ont été données en 2024 – soit environ 9% de plus que l'année dernière. A noter qu'il existe une trentaine de catégories d'amendes différentes.
Comment expliquer cette augmentation? Par des transports bondés? Alliance Swisspass l'explique par le fait que le nombre de personnes empruntant les transports publics est en hausse, mais aussi par «une plus grande prise de risque» des passagers. Les contrôles dans les transports publics sont également plus fréquents, et plus efficaces.
La situation pourra se préciser, lorsque les entreprises de transport disposeront de tous les chiffres pour 2024.
Les CFF seraient ceux qui infligent le plus d'amendes
Selon l'Union des transports publics (UTP), environ 1,8 million de personnes utilisent chaque jour les transports publics en Suisse. Si la moyenne de 2740 amendes quotidiennes est confirmée, cela représenterait un pourcentage de 0,15% de resquilleurs. Un chiffre à prendre avec des pincettes toutefois, car le nombre de personnes qui passent entre les mailles du filet est élevé. «Les voyageurs sans titre de transport, ou avec un titre de transport partiellement valable, coûtent chaque année environ 200 millions de francs à la branche, et donc aux contribuables», déclare Michaela Ruoss.
Le champion des amendes semble être... l'entreprise CFF. Celle-ci ne communique plus ses propres chiffres: avec l'introduction du registre national des resquilleurs en 2019, les données sur les amendes sont désormais centralisées pour l'ensemble du secteur des transports publics, soit les 250 entreprises de transport et les 20 communautés tarifaires membres d'Alliance Swisspass.
En 2018, les CFF avaient infligé au total 1,2 million d'amendes pour les voyageurs «sans titre de transport valable», soit plus que l'ensemble des amendes infligées en 2024 par tous les autres transports publics confondus.
La question est sur toutes les lèvres des pendulaires: pourquoi les wagons CFF de première classe ne sont-ils pas simplement éliminés, et miser sur plus de places? Existe-t-il une proportion définie? Une porte-parole des CFF répond par la négative: «Cela dépend du lieu, du rapport pendulaires/voyageurs de loisirs et de la demande.»