Le quai est plein à craquer. Les passagers, aux aguets, tentent de s'enfiler dans le train pour trouver une place. Les plus malins, bien que munis d'un titre de transport pour la 2e classe, montent en 1ère classe – nettement moins encombrée, traversent le wagon et entrent rapidement dans une voiture de 2e. C'est exactement ce qu'ont fait quatre adolescentes à Lucerne, au bord d'un Zentralbahn, compagnie ferroviaire appartenant aux CFF, comme le rapporte «SRF».
Ce que beaucoup ne savent pas, c'est que le «principe de classe» s'applique également aux sas d'entrées et de sorties des wagons. Pas de chance: lorsque les jeunes filles sont montées dans le wagon de première classe, des contrôleurs les ont prises en flagrant délit. Ils leur ont donc infligé une amende de 75 francs, chacune. Les voyageurs doivent se plonger minutieusement dans la jungle des conditions générales des CFF en cliquant sur plusieurs liens, afin de trouver les conditions commerciales correspondantes.
Les CFF restent fermes
L'une des mères des jeunes filles est intervenue auprès des CFF, en espérant qu'ils fassent preuve d'un peu d'indulgence, comme elle l'a raconté au magazine des consommateurs «Espresso» de la SRF. Mais l'opérateur de transports publics reste ferme: il est strictement interdit de se trouver en première classe avec un billet de deuxième, lui a-t-on répondu. Cela vaut également pour les zones tampons (couloirs, sas d'entrée/sortie) – une information qu'ignorent de nombreux passagers.
Aux heures de pointe, de nombreux trains régionaux sont tellement bondés que les passagers de deuxième classe sont entassés comme dans une boîte de sardine. Cela arrive fréquemment que des passagers munis d'un titre de transport de 2e classe se rabattent alors sur les entrées des voitures de 1ère classe. L'alternative, pas arrangeante, serait de prendre la correspondance suivante et de rentrer plus tard à la maison.
Plus sévères qu'avant
En 2016 encore, les CFF déclaraient à «Watson» que dans les trains régionaux, il était permis de se tenir debout dans l'entrée de la 1ère classe, avec un billet de 2e classe. Interrogés par «Espresso», les CFF semblent avoir changé d'avis. Le Zentralbahn maintient que l'amende est justifiée; elle a toutefois été réduite de moitié entre-temps. Celui qui est pressé ne doit pas non plus traverser le wagon de première classe pour ensuite rejoindre la deuxième classe.
Par le passé, un passager avait été chassé de la première classe par un contrôleur. Les CFF avaient alors argumenté qu'il fallait faire la part des choses: «D'une part, il faut comprendre que les clients de première classe, qui paient plus cher, ont droit à la tranquillité, et d'autre part, les voyageurs de deuxième classe veulent souvent descendre le plus en avant possible dans la gare». Les agents de train sont cependant connus pour être rationnels, avait alors déclaré la compagnie ferroviaire.