Des psychologues d’une vingtaine de pays veulent faire changer d’avis le président russe Vladimir Poutine. Comme à peu près tout le monde. Mais leur démarche est pour le moins originale. Ils lui ont adressé une lettre ouverte. «Nous vous écrivons pour partager avec vous nos connaissances scientifiques et pratiques sur les conséquences d’une guerre pour celui qui la déclenche et pour indiquer une issue à cette situation dangereuse», commence la lettre.
Ladite missive a été initiée par les psychologues Rolf van Dick, 54 ans, de l’université de Francfort et Ulrich Wagner, 70 ans, de l’université de Marburg. Plus de 50 collègues l’ont signée, dont deux psychologues suisses.
Avec cette lettre, ils veulent informer Poutine des «effets négatifs» de sa politique, comme ils l’écrivent. En se référant à la littérature scientifique spécialisée, ils expliquent quels processus la guerre déclenche en détail. Au final, tout cela conduit «au rejet, à l’isolement et à la menace physique» des dirigeants politiques considérés comme responsables.
«Dans une bulle de 'béni-oui-oui'»
Les citoyens des deux côtés d’une guerre font l’expérience de «l’isolement national», peut-on lire dans la lettre. Cela conduit à une aspiration au changement. Des crises économiques naît le sentiment d’être désavantagé «et ce sentiment est souvent le déclencheur de la résistance, de la protestation et de la révolution contre les institutions étatiques.»
La création d’une vision du monde dans laquelle on apparaît comme positif et l’ennemi comme négatif «mobilise des ressources et conduit les dirigeants politiques à s’isoler et à finir dans une bulle de 'béni-oui-oui' – et ils sont toujours exposés au risque que leurs mensonges soient démasqués», écrivent les auteurs.
Lorsqu’il n’y a plus aucune sécurité, les citoyens développent un fort besoin d’explications: «Cela conduit finalement à une perception de la situation telle qu’elle est réellement: les gens reconnaîtront qui est responsable du déclenchement de la guerre et de toutes ses souffrances, blessures et morts.»
«Restez ouvert à la négociation!»
«Dans notre perspective psychologique, la recommandation la plus importante est de cesser immédiatement toute action de guerre», conseillent les scientifiques à Poutine. «Réfléchissez encore une fois aux objectifs que vous vouliez poursuivre avec la guerre et à ce que vous allez effectivement obtenir par la force: pour la population russe et pour vous personnellement!» La lettre conclut par un appel: «Restez ouvert aux négociations!»
Optimiste, le professeur van Dick pense qu’il n’est pas totalement exclu que la lettre parvienne à Vladimir Poutine, comme il l’a déclaré à l’agence de presse allemande. La lettre aurait notamment été téléchargée sur un portail Internet permettant aux citoyens russes d’écrire au président. Les signataires veulent également atteindre l’opposition critique en Russie et envoyer un signal à l’Ukraine.
(ATS/Blick)