Dorénavant, les demandes d'asile ne pourront être déposées qu'en semaine et devront être motivées par écrit. C'est ce qui a été annoncé en février à Chiasso, par le conseiller fédéral Beat Jans en charge de la question de l'asile. Cette annonce avait suscité l'effroi dans son parti.
À peine entré en fonction, l'homme du Parti socialiste (PS) a dû s'empresser de se distancer de la ligne adoptée par le Conseil fédéral en matière d'asile. Nous avons ici une «divergence stratégique», avait déclaré le coprésident du PS, Cédric Wermuth. Trois mois plus tard, la gauche n'a plus de raison de s'indigner. Une grande partie de ce que Beat Jans avait annoncé ne se concrétisera pas.
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«Des difficultés juridiques et pratiques considérable»
Celui qui souhaite déposer une demande d'asile en Suisse devra-t-il à l'avenir motiver sa demande par écrit? Pas nécessairement. Le Secrétariat d'État aux migrations (SEM) a indiqué dans un communiqué qu'il avait examiné l'obligation de motiver les demandes et qu'il était arrivé à la conclusion qu'elle «serait liée à des difficultés juridiques et pratiques considérables dans sa mise en œuvre».
Plus de demandes d'asile le week-end? Il n'en sera rien non plus. Une limitation de l'accès aux centres d'asile le week-end «serait difficilement applicable», écrit le SEM. En effet, l'accès doit continuer à être garanti pour les personnes vulnérables. Comme alternative, la Confédération veut dorénavant examiner la possibilité d'engager des collaborateurs de piquet pour prendre les empreintes digitales des arrivants le week-end. Il s'agit ainsi d'éviter que des personnes qui ne souhaitent pas déposer de demande d'asile n'en abusent.
Le conseiller fédéral sous les feux des critiques
Les raisons pour lesquelles le SEM renonce à ces mesures sont compréhensibles. L'Organisation suisse d'aide aux réfugiés se montre d'ailleurs soulagée. Mais on reproche à Beat Jans de ne pas s'être rendu compte que ces mesures étaient en réalité inapplicables sur le plan juridique et pratique avant qu'elles ne soient énoncées. Le SEM souligne toutefois que le conseiller fédéral avait affirmé vouloir «examiner» la mise en œuvre des mesures au préalable. Pourtant, l'Union démocratique du centre (UDC) fustige le conseiller fédéral pour ses grandes promesses qui ne verront jamais le jour.
Il reste une chose concrète de ces mesures énoncées: des tables rondes dans les cantons pour aborder le problème des requérants d'asile criminels. L'avenir nous dira ce qu'elles apporteront. En règle générale, elles sont convoquées en cas de dernier recours.
Les procédures d'asile en 24 heures sont un succès
Beat Jans a tout de même introduit dans toute la Suisse des procédures de 24 heures pour les demandeurs d'asile originaires du Maghreb – même si la procédure d'asile turbo dure en réalité bien plus longtemps que 24 heures. À Zurich, le nombre de demandes d'asile de personnes originaires de Tunisie, d'Algérie et du Maroc a massivement diminué depuis son introduction. Dans toute la Suisse, le chiffre a chuté de 62%, indique le SEM. Cette mesure avait par ailleurs été mise en place par la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider.
Aborder les sujets qui fâchent et s'y attaquer
Beat Jans tente ainsi de se démarquer de sa collègue ainsi que de l'ancienne ministre à son poste Simonetta Sommaruga. Il adopte une stratégie très différente de celle de ses prédécesseurs du PS: aborder les sujets qui fâchent et s'y attaquer. Une tactique qui risque toutefois de lui retomber dessus au vu de ses précédentes promesses trop ambitieuses. Mercredi, Beat Jans a réaffirmé l'objectif de faire travailler 40% des Ukrainiens bénéficiant du statut de protection S d'ici la fin de l'année. Comment y parvenir? Tout n'est pas encore clair. Le Conseil fédéral veut d'abord examiner la situation. Ce qui sera réellement mis en œuvre est une autre histoire.