«La situation financière des hôpitaux suisses est alarmante», peut-on lire au début d'une nouvelle étude du cabinet de conseil PWC. En effet, la situation financière des hôpitaux suisses n'est pas brillante, par exemple à Zofingen. Si le canton d'Argovie n'investit pas 60 à 70 millions de francs, l'hôpital pourrait être réduit ou même fermé.
La situation financière des hôpitaux est si inquiétante que les premiers cantons lancent déjà des bouées de sauvetage. «Les plans de secours prévus devraient coûter aux contribuables suisses plus d'un milliard de francs par an», estiment les auteurs de l'étude.
C'est en 2023 que la situation s'est aggravée selon PWC. En raison de l'inflation, les dépenses des hôpitaux de soins aigus ont massivement augmenté: les hôpitaux ont dû financer 5,8% de frais de personnel supplémentaires en 2023. A cela s'ajoute une augmentation des dépenses matérielles de 4,9%. Dans le même temps, le chiffre d'affaires n'a augmenté que de 3,1%.
Une rentabilité bien trop faible
«Les résultats de l'exercice financier 2023 se sont nettement détériorés», poursuivent les auteurs. La rentabilité des hôpitaux est calculée en fonction de la marge EBITDAR, qui est un indicateur économique sur le chiffre d'affaires total. EBITDAR est l'abréviation de «Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, Amortisation and restructuring or rent costs». Une marge cible de 10% serait nécessaire pour permettre une exploitation hospitalière économiquement durable.
En moyenne, les hôpitaux de soins aigus ont réalisé des marges de 3,6% (EBITDAR) et 2,6% (EBITDA, c'est-à-dire sans prendre en compte la restructuration ou les frais de location)). Depuis l'introduction du système tarifaire en 2012, les marges n'ont jamais été aussi faibles. «Les hôpitaux suisses sont chroniquement sous-financés», indique l'étude.
Le problème réside dans le fait que les hôpitaux n'ont pratiquement aucune marge de manœuvre en matière de tarifs. Ils ne peuvent donc pas simplement demander plus pour un traitement simplement parce que les frais de personnel et de matériel ont augmenté. Lors des négociations tarifaires, les hôpitaux ont cependant connu de premiers succès. Selon PWC, rares sont toutefois les hôpitaux qui obtiennent «les augmentations de tarifs nécessaires à une exploitation financière durable».
Les hôpitaux s'efforcent certes d'optimiser les processus et de réduire les coûts. Mais jusqu'à présent, cela ne suffit pas pour atteindre l'objectif des 10%. De plus, il existe un énorme besoin d'investissement pour faire avancer la transformation numérique. Jusqu'à présent, les hôpitaux ont raté le coche et le manque de personnel qualifié aggrave encore la situation.
Une nouvelle planification hospitalière est-elle nécessaire?
«Les tarifs doivent couvrir les coûts et être régulièrement adaptés au renchérissement», déclare la conseillère nationale PLR Regine Sauter à la «NZZ am Sonntag», qui a été la première à rapporter l'étude. Selon Regine Sauter – également présidente de l'association des hôpitaux H+ – il faut une nouvelle structure tarifaire pour le secteur ambulatoire. Mais il est aussi nécessaire de repenser les soins de santé en général.
Elle évoque ainsi la planification hospitalière, qui fait l'objet de critiques depuis longtemps en Suisse. Elle envisage un modèle avec un centre hospitalier par région et des centres plus petits pour les soins de base dans les environs. «On pourrait ainsi organiser les soins avec la même sécurité, mais de manière beaucoup plus efficace.» Actuellement, la densité hospitalière est très élevée en Suisse.
En politique, plusieurs interventions ont déjà été déposées pour bouleverser le système – par exemple par la Bâloise Sarah Wyss, membre du PS, ou par le Vert libéral Patrick Hässig. La question se pose de savoir qui sera responsable de la planification hospitalière à l'avenir – la Confédération ou les cantons.