Peu avant le rapport trimestriel de la filiale de Lufthansa la semaine prochaine, le directeur de l'exploitation de Swiss Oliver Buchhofer ne mâche pas ses mots: «Nous ne pouvons pas être satisfaits de notre ponctualité!»
Pendant les vacances d'automne, 38% de tous les vols de Swiss étaient en retard. Autrement dit, ils avaient plus de 15 minutes de retard au départ ou à l'arrivée par rapport à l'horaire publié. Pour l'ensemble de l'année 2024, cette valeur est de 37%. L'année précédente, 40% des vols étaient touchés. Une légère amélioration cette année donc…
Des objectifs à la baisse
En mars 2024, Swiss annonçait son ambition de porter son taux de ponctualité à 80%, signifiant ainsi que seuls 20% des vols accuseraient un retard. Toutefois, en août, la compagnie révisait cet objectif à 70%. Malgré ces ajustements, la situation ne devrait pas s'améliorer d'ici à la fin de l'année.
«Pendant la période des vacances, nous n'avons pu atteindre nos objectifs de ponctualité que les jours où la météo était favorable et où les goulets d'étranglement à Zurich et dans l'espace aérien européen restaient limités», explique Oliver Buchhofer. Il ajoute: «Nous devons devenir plus robustes.»
Swiss subit surtout
Dans la majorité des cas, Swiss n'est pas directement responsable des retards. En octobre, par exemple, les conditions météorologiques ont été un facteur clé. À l’aéroport de Zurich, lorsque les vents deviennent défavorables, il est nécessaire de modifier les pistes, provoquant une interférence entre les trajectoires de décollage et d'atterrissage. Cela rallonge inévitablement les délais entre le décollage et l'atterrissage des avions.
De plus, malgré des années de débat sur un espace aérien européen unique, il existe toujours 37 organisations différentes de contrôle, souvent avec un personnel insuffisant. Cela entraîne régulièrement des retards dans l'espace aérien européen surchargé.
Mais Swiss n'est pas seule à souffrir: au deuxième trimestre 2024, seuls 72% des vols de la maison mère Lufthansa étaient à l'heure, 62% chez Air France et 66% chez British Airways.
Des mesures sont prévues
Malgré tout, une compagnie aérienne haut de gamme ne peut pas se targuer que «82% de tous ses vols atterrissent avec moins d'une demi-heure de retard», écrit Swiss. C'est pourquoi, la compagnie aérienne a mis en place des groupes de travail avec ses partenaires Swissport, l'aéroport de Zurich et Skyguide. Le but de ces séances est d'améliorer la ponctualité, a expliqué une porte-parole à Blick.
A long terme, des processus optimisés et des innovations numériques sont prévus: des outils basés sur l'intelligence artificielle pour une planification anticipée des ressources, une meilleure utilisation des capacités d'atterrissage et de décollage, ainsi que des ressources supplémentaires dans le service météorologique.
Davantage de demandes d'indemnisation
Pour la compagnie aérienne, améliorer sa ponctualité est aussi économique. En effet, cela leur permet de payer moins d'indemnités aux voyageurs. «Nous avons constaté une augmentation des demandes d'indemnisation par rapport à l'année dernière», glisse la porte-parole de Swiss.
Alors bien entendu, les 38% de vols retardés ne donnent pas tous le droit à une indemnisation. Pour y avoir droit, il faut que le vol soit retardé d'au moins trois heures, à compter de l'heure d'arrivée prévue dans l'horaire.
Alors, la plupart des demandes d'indemnisation n'ont probablement aucune chance d'aboutir. En effet, comme le rappelle Philippe Strässle, du portail de droits des passages aérien airhelp.ch, seuls 2% environ des retards chez Swiss donnent droit à une indemnisation.